La méditation ou samâdhi comme on dit aujourd'hui, est-elle une connexion à la Source de tout, ou bien une fantaisie qui permet de fuire ses responsabilités ?
Le Tantra a connu son apogée, son âge d'or, dans la vallée du Cachemire aux alentours de l'an 1000. Mais que sait-on du Cachemire de cette époque ? L’un des premiers témoignages nous vient de François Bernier, aventurier, philosophe et écrivain français. Avant de mourir en 1688, Bernier passa plusieurs années aux Indes, à la cour de l’empereur moghol Aurangzeb, et accompagna ce dernier lors d’un voyage dans la vallée du Cachemire.
Juste avant de quitter ce monde, Bernier publia un texte intitulé Mémoire sur le quiétisme aux Indes. Ce mémoire s’inscrit dans un contexte particulier : celui de la querelle sur le quiétisme, une tradition mystique catholique accusée à l’époque de rejeter l’Église, les sacrements et la hiérarchie, prônant une totale passivité et, selon certains, un libertinage moral.
Le témoignage de Bernier
Dans ce texte, Bernier compare les pratiques des yogis des Indes à celles des quiétistes en France. Voici un extrait représentatif de son mémoire :
« Parmi les différents fakirs ou religieux idolâtres des Indes, il en est qu’on appelle communément "jogis", c’est-à-dire yogis. Ces derniers prétendent être des saints illuminés, parfaitement unis au souverain être, à Dieu, au premier et général principe de toute chose. Ils semblent avoir abandonné le monde, se retirant souvent à l’écart, dans des jardins éloignés, comme des ermites, avec quelques disciples soumis et modestes. Ces disciples se considèrent comme heureux de pouvoir les écouter et les servir.
Si on leur porte à manger, ils l’acceptent ; si on les oublie, dit-on, ils s’en passent, vivant de la grâce du ciel, dans un jeûne et des austérités perpétuels. Ils semblent absorbés dans une contemplation si profonde qu’ils passent des heures entières en extase, leurs sens externes sans fonction apparente. Ils prétendent voir le souverain être comme une lumière vive et inexplicable, avec une joie et une satisfaction indicibles. »
Bernier poursuit en décrivant les doctrines de ces yogis, qui enseignent que l’essence divine est en parfait repos, dans une inaction absolue. Pour atteindre la perfection, l’adepte doit éteindre toutes ses passions humaines et se plonger dans une contemplation extatique.
Une critique du quiétisme
Bernier rapproche cette doctrine des pratiques quiétistes en Europe, tout en exprimant des doutes sur leur authenticité. Il conclut :
« Ce qui me frappe, c’est que cette doctrine, bien qu’elle parle de vertu, de retraite et de contemplation, semble souvent n’être qu’un prétexte pour attirer l’admiration des foules. Les anciens maîtres yogis eux-mêmes, dit-on, n’y croient pas entièrement. Ils la considèrent comme une ruse pour impressionner le peuple. »
Le parallèle entre mystiques orientaux et occidentaux
Bernier voit dans les yogis une similitude avec les mystiques occidentaux, mais il avoue ne pas comprendre pleinement leur expérience intérieure. Il semble manquer de la perception directe que réclame toute véritable expérience mystique. Comme l’affirme Madame Guyon, l’une des grandes figures du quiétisme européen : « Sans l’expérience intérieure, on ne peut comprendre ce chemin. »
Méditation :
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