Entretien avec le Pr. Eddy Bodart, pneumo-allergologue pédiatrique (CHU UCL Namur)
Question: Comment prenez-vous en charge l’allergie aux acariens?
On va évoluer par paliers, du plus nécessaire, pour ne pas dire de l’obligatoire, au moins fréquent parce que sans doute encore aujourd’hui le plus coûteux.
Priorité 1 : éliminer la source cad les acariens (éviction)
Le plus facile, le plus nécessaire et le plus obligatoire, c’est l’éviction de l’allergène. En l’occurrence ici, l’acarien.
C’est surtout l’environnement immédiat, cad la chambre à coucher, qu’il va falloir améliorer. C’est dans notre chambre que nous passons le plus de temps, puisque nous y dormons chaque nuit. Donc cet environnement-là doit vraiment être amélioré de manière la plus importante possible.
L’éviction est donc une prise en charge obligatoire, et dans le cas de l’enfant c’est aussi la possibilité d’éviter que ses symptômes respiratoires supérieurs entraînent un jour des symptômes respiratoires inférieurs.
Palier 2: la prise en charge médicamenteuse
Le deuxième palier est la prise en charge médicamenteuse. Les médicaments antihistaminiques n’ont pas leur place sans doute dans l’allergie aux acariens car il s’agit d’une allergie perannuelle (à l’inverse des allergies saisonnières comment celle au pollen). Il faudrait donc imaginer prendre des médicaments toute l’année. Ce n’est pas raisonnable, surtout en terme de leur passage au niveau de la barrière hématoencéphalique et d’effets secondaires potentiels. Chez l’enfant, même si les parents ne s’en rendent pas compte, sa mémoire peut diminuer à cause de cette prise prolongée de médicaments.
La pierre angulaire de l’asthme par ailleurs, est la corticothérapie inhalée. Vous savez qu’il existe un certain degré de corticophobie, et que même si l’on prescrit le bon médicament, il faut encore le prendre au long court. Le traitement de l’asthme n’est pas un traitement minute, c’est un traitement prolongé. Et malheureusement on voit très souvent qu’avec les corticoïdes, après quelques semaines ou quelques mois d’utilisation lorsque les symptômes ont diminué, on abandonne le traitement. Alors que l’inflammation est toujours présente au niveau des bronches!
Palier 3: la désensibilisation
Le troisième palier, c’est l’induction d’une tolérance en injectant l’allergène, soit par voie sous-cutanée, soit par voie sublinguale, soit éventuellement bientôt par voie orale. C’est la désensibilisation allergénique, qui pour l’instant dans certains pays est encore mal prise en charge par la sécurité sociale. Elle n’est pas remboursée, et elle est coûteuse.
Dernière option: les biothérapies
Enfin, les biothérapies, les anticorps monoclonaux anti IGE, qui sont les anticorps de l’allergie et anti-éosinophiles, les globules blancs de l’allergie, représentent la dernière possibilité de traitement dans les asthmes pédiatriques ou adultes vraiment très sévères qu’on ne parvient pas à contrôler par les trois palier précédents que je vous rappelle encore une fois :
1. Éviction obligatoire, nécessaire, incontournable.
2. Médicaments, avec la corticothérapie comme pierre angulaire.
3. Désensibilisation, quelle que soit la voie que l’on privilégie pour l’administrer.
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