Dubaï ce n’est pas un voyage mais une fuite. Se barrer vite et loin, si possible en First Class Emirates, pour échapper à son existence qui ne va pas fort, triste et confinée, pluvieuse et désargentée.
Adieu triste réalité ! Dubaï c'est l'exil vers la Terre promise aux futilités, le pèlerinage des désœuvrés en quête de sens, où l’on oublie tout... surtout sa moralité et son porte monnaie !
Fuir. Ne plus se confronter à son insupportable vérité pour tout oublier dans un monde virtuel.
Tout est faux. La mer, les seins, le palm, les bouches, le sable, les fesses, les gens, les lois, le bonheur. On ment comme on respire. Un mensonge jamais assumé, jamais proclamé. Un verni d’hypocrisie recouvre des lois liberticides qu’on transgresse à tout va en brandissant l’étendard d’un progressisme un peu douteux. La vente d’alcool est interdite mais on peut se bourrer impunément la gueule partout, la drogue c'est la « zonzon » direct, mais la teuf se pratique le jour et la nuit de façon totalement dévergondée. Les vêtements impudiques sont interdits mais l'uniforme de rigueur est celui de la « michto » qui n’a pas froid aux yeux.
Fuir. Tout oublier. Plus le cerveau se vide, plus il a soif de démesure, car le "plus" rassure et flatte l'ego meurtri. Il faut remplir le vide par le vide. La cervelle incontinente a besoin d'être comblée par l'amusement. Remplir, remplir toujours remplir par des divertissements prévus, des attractions régressives, des fêtes orchestrées sans aucun lâcher prise, des restaurants réservés des mois à l'avance... Jouir sur commande car tout a été étudié pour. Pas d'effet de surprise, le plaisir est un calcul qui ne laisse aucune place au hasard, qui doit se consommer comme tout le reste. Parc d'attraction, ski, jet ski, monoski, parc d'attraction, quad, parc d'attraction, saut en parachute, chameau, buggy dans le desert, shopping, restaurant argentin, restaurant indien, italien, français.
Dubaï c’est l’eldorado des âmes perdues, ou les plus désespérés de toutes les nationalités, de toutes les catégories sociales se rencontrent dans la quête commune d’un potentiel bonheur. Les nouveaux riches pensent pouvoir l’acheter comme le reste, les travailleurs clandestins espèrent le croiser sur leur chemin. Le résultat est le même, que la détresse soit affichée ostensiblement sur le visage de certains ou déguisée par les excès d’une jouissance vide.
Le fond épouse la forme. C’est un abri bling pour la fortune fraîche des nouveaux riches, qui y trouvent un monde qui leur ressemble. Une ville a leur image, sans passé, tournée vers l’avenir, avec un centre d’intérêt culturel : l’argent. À la fois un moyen et une fin. La main invisible distribue le cash et balaye d’un revers les pauvres, et autres parasites. L’argent est l’obsession de tous, même les touristes sont excités par l’appât du gain : on est plus fascinés par les magasins que par la mer et les dunes de sable.
Et pourtant, c’est si bon! Rien de plus grisant que de se retrouver face à ses propres contradictions, caricaturales et en dehors de toute moralité! Partir et tout oublier, kiffer en claquant un pognon monstrueux, se vautrer dans le luxe, dans des plaisirs superficiels. Quel infâme délice ! Mais aussi, se sentir plus positif, motivé par l’ambition de tous, dans une ville où tout le monde se permet encore de rêver et de croire en ses rêves.
Adieu Dubaï, on en a vécu des choses toi et moi. Sans rancune j’espère.
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