En finir avec la vigilance partagée

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Le concept de “vigilance partagée” a pris une place de choix dans les orientations que beaucoup d’entreprises souhaitent donner à leur politique de prévention. Il vise à rendre chaque membre d’une organisation attentif à la façon dont ses collègues respectent, ou non, les consignes de sécurité qui doivent l’être. En cela, il cherche à faire de chaque salarié une “vigie” de l’article L4122-1 du Code du Travail demandant à chaque travailleur de prendre soin, en fonction de sa formation et selon ses possibilités, de sa santé et de sa sécurité ainsi que de celles des autres personnes concernées par ses actes ou ses omissions au travail, selon les instructions qui lui sont données. L’idée est de “mailler le terrain” de l’exécution du travail, et donc de la maîtrise des comportements, par autant de sentinelles attentives au respect des consignes de sécurité que de travailleurs.

Quel préventeur pourrait ne pas souhaiter (rêver de) cela ?

Cependant, ce concept pose les questions suivantes: cette demande de vigilance attendue des travailleurs fait-elle encore sens quand l’organisation du travail n’est pas mise avec le même degré d’exigence en “vigilance” de ses effets sur la santé des travailleurs ? La prégnance de cette injonction “au moment du travail” n’est-elle pas révélatrice de la défaillance à agir en amont, sur les déterminants de l’activité qui conditionnent leur comportement final ? Et enfin, cette vigilance partagée fait-elle encore sens si elle ne prend pas dans son champ la santé physique ET mentale des travailleurs ?