Pandémie, réchauffement climatique, guerres en Ukraine et au Proche-Orient: alors que les crises internationales se multiplient, les pays dits du Sud global veulent faire entendre leurs voix et réclament une meilleure prise en considération de leurs intérêts dans les organisations internationales.
Invitée: Aude Darnal, chercheuse au centre Stimson à Washington
Présentation: Laurent Huguenin-Élie
C'est un concept de plus en plus présent dans les médias mais aussi dans les discours politiques: le Sud global. Une notion aux contours flous mais qui permet de rendre compte de la volonté de changement qui se fait de plus en plus entendre de la part de nombreux pays en Afrique, en Asie ou en Amérique latine.
Ces pays ont "des expériences communes, notamment en ce qui concerne leur insatisfaction par rapport au système international", soulève Aude Darnal, chercheuse au centre Stimson à Washington et invitée de Géopolitis. "Ils sont marginalisés dans les prises de décisions", poursuit-elle. "Les politiques internationales leur sont structurellement défavorables: on peut parler de la question de la dette internationale, de celle de l'accès aux flux financiers internationaux pour se développer et promouvoir la prospérité pour leur population."
Revendiquer plus de pouvoir -
En mars 2022, quelques jours après le début de l’offensive russe en Ukraine, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait à une large majorité une résolution qui exigeait que la Russie cesse immédiatement ses attaques. Cent-quarante-et-un pays ont soutenu le texte. La Russie et quatre alliés proches - Biélorussie, Erythrée, Corée du Nord et Syrie - le refusent. Mais 35 pays majoritairement situés en Afrique et en Asie décident de s’abstenir, dont l'Afrique du Sud.
Son ambassadrice auprès de l'ONU, Mathu Joyini, précisait alors: "Il ne faudrait pas que la situation en Ukraine ait des répercussions négatives sur d'autres priorités de la communauté internationale et sur le reste du travail des Nations unies. Nous notons avec inquiétude que toutes les situations de conflit n'ont pas reçu la même attention."
Un vote qui témoigne du fossé qui se creuse entre d’un côté, les pays dits occidentaux - Etats-Unis, Europe, Canada, Australie ou encore Nouvelle-Zélande - et de l’autre, ces pays dits du Sud global qui dénoncent une domination occidentale dans les institutions internationales.
Selon Aude Darnal, le concept de Sud global permet de "ne pas regarder ces pays uniquement comme des acteurs passifs du système international qui ne seraient que des pions pour les grands pouvoirs, mais comme des acteurs actifs avec un pouvoir, avec des intérêts nationaux, qui veulent et qui doivent prendre part au système de gouvernance globale".
Réformer l'ONU -
Une des revendications centrales des pays du Sud global concerne les réformes des grandes institutions internationales créées à la fin de la Seconde guerre mondiale: l'Organisation des Nations unies, mais aussi le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, issus des Accords de Bretton Woods signés en 1944.
"Il s'agit vraiment de remettre en question les organisations internationales, notamment parce qu'elles sont extrêmement inégalitaires", estime Aude Darnal. "Ce système - qui a été créé en 1945 au moment où tous ces pays [du Sud Global] n'existaient pas puisqu'on était encore dans un monde colonial - a été créé par une minorité pour les intérêts d'une minorité."
Au sommaire:
00:00 Les pays du Sud global bousculent l'Occident
02:30 Les pays du Sud global veulent faire entendre leurs voix
05:33 Aude Darnal: "Les pays du Sud global sont marginalisés dans les prises de décisions"
12:45 Le Conseil de sécurité de l’ONU, bloqué par les tensions géopolitiques
15:22 Aude Darnal: "Il faut que les grands Etats en place acceptent un partage du pouvoir"
21:15 Dans les années 1970, le président algérien Houari Boumediene revendique un ordre international plus juste
Le site de Géopolitis : http://geopolitis.ch
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