LA LANGUE EST UN FLEUVE AUX NOMBREUX AFFLUENTS

Frédéric BLANCHARD - paroles & musique, chant, piano, photographie /

Si votre langue a soif, ouvrez un dictionnaire
Sirotez sous les mots leur étymologie
Saveurs venues d’ailleurs Grèce, Orient, Rome antique
Votre guide sera la déesse Phonétique.

Le dictionnaire est une échoppe d’antiquaire
Mais ici rien à vendre ici tout est offert
A la curiosité de tous les globe-trotters
De la langue parcourue, maternelle ou de cœur.

Et sous l’auguste Coupole, en habit de martien
L’épée à son côté veille l’académicien
Barrant la route à tout ce qui n’est pas proustien
Jurant ses grands auteurs qu’il n’est pas né le prochain

Mais la langue est un fleuve aux nombreux affluents
Qui sait gagner la mer tout naturellement

Le dictionnaire est un registre matrimonial
Des mots se sont aimés l’union était fatale :
Le garde, homme sévère et la docile barrière
Grâce au chemin de fer ont formé garde-barrière

Le dictionnaire pourtant ignore les doux soupirs
Qu’échangent fils de Molière et fille de Shakespeare
Des langues entrelacées naissent des mots croisés
Qui à l’Académie feraient bien leur entrée.

Mais sous l’auguste Coupole, en habit de martien
L’épée à son côté veille l’académicien
Boutant vite hors de France l’anglaise outrecuidance
Non la perfide Albion n’avancera plus ses pions.

Mais la langue est un fleuve aux nombreux affluents
Qui sait gagner la mer tout naturellement

Et vous enfants terribles qui matrouillez la langue
Vous en faites un terreau propice aux mots nouveaux
De jolis étendards dont vous êtes si fiers
Réclamant haut et fort que l’on change un peu d’ère

Et vous lèverez l’ancre en sortant de l’école
En habits de corsaires vous prendrez la Coupole
Et l’académicien, mi content, mi contraint
Vous cédera sa place, petit sourire en coin

Alors à votre tour en habits de martiens
L’épée à vos côtés vous êtes académiciens
Repoussant vaillamment les assauts des mortels
Gardiens du sanctuaire des mots, du dictionnaire nouveau

Mais la langue est un fleuve aux nombreux affluents
Qui sait gagner la mer tout naturellement
Et sous le pont des Arts la Seine en fait autant
Chantant à la Coupole malicieusement :

Que la langue est un fleuve aux nombreux affluents
Qui sait gagner la mer tout naturellement.
Et sous le pont des Arts la Seine en fait autant
Chantant à la Coupole malicieusement :

« Si votre langue a soif, ouvrez un dictionnaire
Sirotez sous les mots leur étymologie
Saveurs venues d’hier, d’aujourd’hui de demain
Car enfin cette langue elle vous appartient
Car enfin cette langue elle vous appartient
Car enfin cette langue, elle nous appartient »