Pascal Héni chante la première page de "Voyage au bout de la nuit" de Louis-Ferdinand Céline.
Musique : Pascal Héni
Piano : Stéphane Leach
Enregistré à la Péniche-Opéra - Paris, le 11 mars 1998
Filmé par Patrick Blanc
PasPat 2024
Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On se rencontre donc place Clichy. C’était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute. « Restons pas dehors ! Qu’il me dit. Rentrons ! » Je rentre avec lui. Voilà. « Cette terrasse, qu’il commence, c’est pour les œufs à la coque ! Viens par ici ! » Alors, on remarque encore qu’il n’y avait personne dans les rues, à cause de la chaleur ; pas de voitures, rien. Quand il fait très froid, non plus, il n’y a personne dans les rues ; c’est lui, même que je m’en souviens, qui m’avait dit à ce propos : « Les gens de Paris ont l’air toujours d’être occupés, mais en fait, ils se promènent du matin au soir ; la preuve, c’est que, lorsqu’il ne fait pas bon à se promener, trop froid ou trop chaud, on ne les voit plus ; ils sont tous dedans à prendre des cafés crème et des bocks. C’est ainsi ! Siècle de vitesse ! Qu’ils disent. Où ça ? Grands changements ! Qu’ils racontent. Comment ça ? Rien n’est changé en vérité. Ils continuent à s’admirer et c’est tout. Et ça n’est pas nouveau non plus. Des mots, et encore pas beaucoup, même parmi les mots, qui sont changés ! Deux ou trois par-ci, par-là, des petits... » Bien fiers alors d’avoir fait sonner ces vérités utiles, on est demeurés là assis, ravis, à regarder les dames du café.
"Journey to the End of the Night "
Here’s how it started. I’d never said a word. Not one word. It was Arthur Ganate that made me speak up. Arthur was a friend from med school. So we meet on the Place Clichy. It was after breakfast. He wants to talk to me. I listen. “Not out here!” he says. “Let’s go in!” We go in. And there we were. “This terrace,” he says, “is for jerks! Come on over there!” Then we see that there’s not a soul in the street, because of the heat; no cars, nothing. Same when it’s very cold, not a soul in the street; I remember now, it was he who had said one time: “The people in Paris always look busy, when all they actually do is roam around from morning to night; it’s obvious, because when the weather isn’t right for walking around, when it’s too cold or too hot, you don’t see them any more; they’re all indoors, drinking their cafés crème or their beers. And that’s the truth! The century of speed, they call it! Where? Great changes, they say! For instance? In truth nothing has changed. They go on admiring themselves, that’s all. And that’s not new either. Words. Even the words haven’t changed much! Two or three little ones, here and there...” Pleased at having proclaimed these useful truths, we sat looking at the ladies in the café.
Информация по комментариям в разработке