la fabrication de la porcelaine sous la dynastie Qing (1)

Je dédie cette vidéo à ma nièce, Laure, peintre sur porcelaine à Paris.
Cette série d'images illustrant la production de porcelaine est basée sur la tradition chinoise du 耕织图 [gēng zhī tú], « Illustrations du labour et du tissage » . Le premier exemple connu de "Gengzhi tu" remonte à la dynastie Song (906-1279) ; il est attribué à l'artiste Lou Zhou (1090-1162). Dans son album, chaque étape du processus de production agricole est illustrée et les images sont accompagnées de poésie.
Le genre du "Gengzhi tu" devient très populaire sous la dynastie Qing (1644-1912), après une commande de l'empereur Kangxi (1662-1722). Cet album, imprimé en 1696, représente la production du riz et la culture de la soie en 46 scènes. Les gravures sur bois sont réalisées par le peintre de cour Jiao Bingzhen (1680-1720) ; la poésie qui les accompagne est de l'empereur Kangxi. Les empereurs Yongzheng (1723-1735) et Qianlong (1735-1796) commanderont eux aussi ce genre d'œuvres mais c'est Qianlong qui ajoute au genre le thème de la production de porcelaine.
De nombreuses images illustrant les processus de production seront publiées sous les Qing. Traditionnellement, elles sont réalisées à la plume et à l’encre et sont accompagnées de calligraphie. Elles décrivent les différentes étapes d'un processus de production mais elles sont surtout destinées à donner une image idéalisée de la vie dans la campagne chinoise. Elles combinent ainsi une fonction esthétique et une fonction didactique.
Au XVIIIe siècle, le "Gengzhi tu" devient un produit d'exportation populaire. Les "Gengzhi tu" sont fabriqués pour le marché d'exportation et les objets produits pour les acheteurs occidentaux sont décorés de scènes du "Gengzhi tu". Ces versions d'exportation sont adaptées au goût occidental : la plupart des séries sont peintes à l'aquarelle, la calligraphie est abandonnée et les peintres utilisent la perspective. Les différentes étapes du processus de production sont représentées de manière simplifiée et placées dans un décor idyllique. À la fin du XVIIIe siècle, on ajoute, comme ici, des scènes représentant des commerçants occidentaux. Les images glorifient le commerce entre la Chine et l’Occident et font appel à l’image romantique de l’Orient.