[RARE] Paul CLAUDEL – Portait du poète en volcan (DOCUMENTAIRE, 1966)

Voici la publication du dimanche, jour dédié aux poètes du XXème siècle :
Un film de Daniel Costelle réalisé en 1966. Scénario : Pierre Claudel. Musique : Darius Milhaud. Acteurs : Martine Chevallier, Bernard Garnier, Jean-Pierre Jorris, Hélène Lamy, Edith Scob, Henri Serre, Hélène Vallier.
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Description :
L’œuvre de Paul Claudel est un peu comme cette montagne que l'on voit au début du film de Daniel Costelle, massive, inaccessible, voilée de brume. A ce premier symbole le réalisateur en accouple un autre, tout aussi frappant : celui d'un volcan dont le bouillonnement rouge succède au mystère bleuté de la montagne. Images très claudéliennes et de surcroît fort belles. Elles introduisent un film conçu non comme un documentaire sur Claudel ou un portrait-souvenir de l'écrivain, mais comme un essai sur son œuvre. Si l'on nous raconte les événements les plus connus de cette longue et fertile existence (nous suivons Claudel de sa naissance à sa mort, à travers toutes les péripéties de sa vie de diplomate), c'est toujours pour revenir à l'essentiel, à l'œuvre, et pour nous la rendre plus proche.
Daniel Costelle n'hésite pas à mêler dans son film les extraits de bandes d'actualités, les vieilles photographies et les scènes d'oeuvres dramatiques jouées spécialement pour la circonstance dans des décors naturels que n'aurait pas reniés Je poète : une plage où roulent les vagues sert de cadre à une belle scène de Partage de midi, jouée par Hélène Vallier et Henri Serre; Mara et Violaine (Edith Scob), les héroïnes de l'Annonce faite à Marie, s'affrontent dans une chambre d'hôpital.
Mais, dans un cas comme dans l'autre, le choix de l'extrait et celui du décor ne sont ni l'effet du hasard ni la conséquence d'une intention esthétique plus ou moins gratuite. La chambre d'hôpital nous renvoie à celle où souffrit une sœur tendrement chérie de Claudel ; la mer, thème et décor de tant de poèmes et de drames claudéliens, est aussi celui de l'aventure réelle qui inspira Partage de midi à l'écrivain. Ces correspondances, qui s'imposent à la vision du film, sont esquissées avec beaucoup d'élégance et ne sont, bien entendu, pas soulignées par le texte.
Certes on ne retrouve pas tout Claudel dans ce film d'une heure. Il serait naïf de s'en étonner. Celui que l'on découvre au long de ces images est humain, trop humain peut-être. C'est le Claudel le plus accessible, celui de l'Annonce faite à Marie et de Partage de midi, ses œuvres les plus jouées sans doute. Le dramaturge J'emporte ici sur le poète. Et cependant n'est-ce pas le poète qui nous touche le plus profondément, qui balaie nos réticences et nos irritations d'un verbe flamboyant, impérieux comme l'homme qui affrontait la mort en disant : " Je n'ai pas peur... la curiosié m'excite... " ?

[RAPPEL des jours de publication :
- Lundi : modèles antiques (poètes de la Bible, de la Grèce ou de la Rome antique) ;
- Mardi : poésie médiévale ;
- Mercredi : poètes de la Renaissance ;
- Jeudi : poètes de l'Âge classique et baroque ;
- Vendredi : inspirations étrangères (du Dolce stil novo à la Beat Generation) ;
- Samedi : poètes de la Modernité ;
- Dimanche : poètes du XXème siècle ou poésie vivante.]

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