DEBUSSY CLAUDE (1962 – 1918)
PELLÉAS ET MÉLISANDE
Drame Lyrique en 5 actes et 12 tableaux
Version pour piano seul (1893 – 1895)
PASCAL LE CORRE, piano
PIERRE JOURDAN, direction musicale et artistique
• Dominique Ploteau, ténor Pélléas
• Cécile Besnard, soprano Mélisande
• Philippe Le Chevalier, baryton Golaud
• Bertrand Bontoux, basse Arkel
• Elodie Mechain, alto Geneviève
• Paul Medioni, basse Le Médecin
• Gabriel Ortega, enfant Yniold
Ensemble vocal Michel Piquemal
Michel PIQUEMAL, chef de chœur
Christophe DURRANT, Direction des études musicales
Enregistrement Live les 21,27 et 28 mars 1999
Au théâtre Impérial de Compiègne sur un piano
PLEYEL 1925 ayant appartenu à Alfred CORTOT
ACTE 5
La partition piano/chant de Pelléas et Mélisande que l'on trouve dans le commerce aux éditions Durand n'est pas une partition comme les autres. La partie de piano n'est pas une réduction de l'orchestre comme c'est très souvent le cas des partitions d'opéra : elle est la partie originale de l'œuvre écrite par Debussy pour le piano avant qu'il n'en réalise l'orchestration quelques 8 ans plus tard !
QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES
Debussy voit l'œuvre théâtrale de Maeterlinck pour la première fois en 1893 au théâtre des bouffes parisien. Cette œuvre le fascine à tel point qu'en rentrant chez lui après chaque représentation, il commence à mettre l'œuvre théâtrale en musique : il entamera d'emblée la scène d'amour finale du quatrième acte. Il va ainsi écrire de 1893 à 1895 tout l'opéra sous la forme d'une partie pianistique qu'il jouera lui-même (et parfois même en chantera tous les rôles!) à maintes occasions pour présenter l'œuvre. L'œuvre a d'abord failli être donnée quelques années plus tard aux bouffes-parisiens et Debussy réalisa une première orchestration de l'opéra pour 11 musiciens. Malheureusement, le directeur de la salle, en entendant la musique si novatrice de Debussy, pensa que l'œuvre n'aurait aucun succès et décida finalement de ne pas la représenter : de rage Debussy jeta son manuscrit orchestral aux égouts ! En 1901, André Messager entend l'œuvre et la fait jouer devant Carré, directeur de l'opéra comique qui décide de monter l'opéra l'année suivante. Devant le temps très court imparti à Debussy pour orchestrer l'opéra, Messager lui propose de faire l'orchestration avec Büsser et de lui proposer pour y apporter ses corrections. Voici, selon les sources trouvées par Pierre Jourdan (directeur du T.F.M. et metteur en scène de la version pour piano réalisée au théâtre de Compiègne) cette confidence qu'avait faite à Sacha Guitry André messager, dédicataire et premier chef d'orchestre de la production de Pelléas en 1902 à l'opéra comique : "L'orchestration de Pelléas et Mélisande a été faite par Büsser et Messager. Mais tellement revue par Debussy qu'on n'a pas le droit de dire qu'elle n'est pas de Debussy." (Extrait de "cinquante ans d'occupation" de Sacha Guitry- presse de la cité-collection Omnibus, page 449).
L'ÉCRITURE PIANISTIQUE
Quand on ouvre la partition, on est frappé du soin porté à la réalisation pianistique. Il ne s'agit pas d'une réduction touffue et complexe en vue d'une future orchestration : il s'agit d'une réalisation pianistique aussi aboutie que les œuvres originales pour l'instrument. Chaque phrasé y est scrupuleusement indiqué, l'écriture est toujours éminemment pianistique (à l'encontre des arrangements parfois irréalisables de nombreuses partitions d'opéras), la distribution des éléments entre les deux mains est clairement définie : Il s'agit d'une véritable œuvre pour le piano.
On y retrouve, de fait, de nombreux échos aux œuvres pianistiques de cette période de la production de l'auteur : La suite bergamasque, les estampes, les épigraphes antiques, la petite suite ou encore le premier cahier des préludes. L'écriture et le style correspondent à la première période de sa production, encore classique et romantique : elle n'est en aucune mesure impressionniste. Quoique virtuose dans certains passages, l'écriture est sobre, sans effets pianistiques superflus : elle exprime la musique dans sa forme la plus pure et essentielle.
UNE GRANDE AVENTURE PIANISTIQUE
S'asseoir au piano pour entamer une œuvre de 2 heures 40 est une expérience unique, impressionnante et bouleversante. Pelléas est une œuvre exigeante à jouer et à réaliser. Il faut une technique aguerrie car de nombreux passages sont difficiles et virtuoses, un sens de l'exactitude et de la précision car chaque détail jouent un rôle important tant l'œuvre est minimaliste et dépouillée de moyens superflus. Il faut un sens du tempo aiguisé car il n'est pas une page de l'œuvre qui ne comporte un ou plusieurs changements de tempo. Il faut une palette sonore riche et variée pour rendre la diversité de l'écriture et des climats dramatiques. Enfin, il faut être en parfaite osmose avec les chanteurs pour rendre la parfaite cohésion qui unit partie chantée et partie pianistique.
PASCAL LE CORRE
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