Brahms : Concerto pour violon en ré majeur op 77

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Julia Fischer interprète le Concerto pour violon en ré majeur op 77 de Brahms avec l'ONF sous la direction de Cristian Măcelaru. Concert enregistré le 12 septembre 2024 à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.

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C’est en mai 1853, à vingt ans, que Johannes Brahms fait la connaissance, à Hanovre, du déjà célèbre Joseph Joachim. Violoniste de deux ans son aîné, ancien élève de Mendelssohn, prodige admiré par Berlioz, Liszt, Robert et Clara Schumann, Joachim allait devenir l’un des plus grands interprètes de son temps. Entre les deux jeunes gens s’instaure une complicité musicale fraternelle. Joachim note, à propos de la rencontre de 1853 : « Johannes, tendre idéaliste… Lorsqu’il me joua les mouvements de sa Sonate, je la trouvai d’une force et d’une originalité inimaginable, à la fois noble et inspirée ». Cimentée par l’affection qui les unit, l’un comme l’autre, aux Schumann, l’amitié de Brahms et Joachim durera plus de quarante ans en dépit d’une brouille.

On doit à cette amitié deux concertos pour violon : le Concerto hongrois, opus 11 de Joachim (1860), dédié à Brahms, oublié aujourd’hui, et le Concerto en ré majeur de Brahms dédié à Joachim. Brahms termine son Concerto au cours de l’été 1878 à Pörtschach, petite ville autrichienne sur les rives du lac de Wörthersee en Carinthie, avant d’en retravailler en septembre la partie de violon avec Joachim. « Il y a quelque excuse à ce que ce concerto porte ton nom, écrit-il ensuite à son ami, puisque tu es plus ou moins responsable de la partie du violon. »

Solidité et puissance symphonique caractérisent cette partition où se succèdent vaillance, lyrisme, élans héroïques, virtuosité époustouflante. L’Allegro ma non troppo initial a la particularité de commencer par une vaste exposition, dans laquelle l’orchestre expose le matériau thématique, avant l’entrée énergique du soliste. Des épisodes virtuoses alternent alors avec de longs moments mélodiques. Brahms a laissé la place de la cadence vide, laissant le soin à ses interprètes de la réaliser comme ils l’entendent. Le paisible Adagio s’ouvre, lui aussi, par une page orchestrale, fameuse pour la belle mélodie de hautbois qui s’y déploie et que reprend le violon. Le violoniste Pablo de Sarasate, qui refusa de jouer le concerto au prétexte qu’il ne mettait pas assez en valeur son 5 instrument, avait déclaré au sujet de cette mélodie, qu’elle était la seule qui soit réussie dans l’œuvre. Un Allegro giocoso, non troppo vivace, aux accents hongrois, aussi exubérant qu’énergique, incroyablement virtuose, referme la partition.

L’œuvre fut créée à Leipzig par Joachim avec l’Orchestre du Gewandhaus sous la direction du compositeur le 1er janvier 1879. « En faisant hommage à son ami d’une œuvre qui est parfaitement digne du grand talent de Joachim, écrit Dörfel, critique au Leipziger Nachrichten, Brahms s’est mesuré à une tâche où il égale les deux chefs-d’œuvre du genre, Beethoven et Mendelssohn. Nous avouerons que nous avons attendu l’épreuve avec quelques battements de cœur (...) ; mais quelle joie nous éprouvâmes ». Les deux amis redonnèrent le Concerto à Budapest et à Vienne, avant que Joachim ne s’en fasse le défenseur à travers l’Europe.

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