Brahms : Symphonie n°3 op.90 (Orchestre national de France / Emmanuel Krivine)

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00:00-0:36 : Intro
00:36 : 1er Mouvement - Allegro con brio
12:45 : 2ème Mouvement : Andante
20:54 : 3ème Mouvement : Poco allegretto
27:37 : 4ème Mouvement : Allegro

Sous la direction d'Emmanuel Krivine, l'Orchestre national de France joue la 3e symphonie de Johannes Brahms. Extrait du concert enregistré le 6 juin 2019 à la Maison de la Radio.

Allegro con brio
Andante
Poco allegretto
Allegro

Faire se rencontrer Berlioz et Brahms à l’occasion d’un concert peut paraître singulier, tant les Histoires de la musique routinières opposent systématiquement l’École dite « de Weimar », qui serait celle de la « musique de l’avenir », inaugurée par Berlioz puis incarnée par Liszt et Wagner, à celle « de Leipzig », que représenteraient Mendelssohn, Schumann et Brahms. Une telle dichotomie ne tient pas. Berlioz, qui aimait la musique de Mendelssohn et ne dirigea qu’une œuvre de Liszt (le Premier Concerto, le soir de la création), a toujours détesté se faire enrôler sous une bannière : « On m’a longtemps attribué à ce sujet, en Allemagne et ailleurs, des opinions qui ne sont pas les miennes ; par suite, on m’a souvent adressé des louanges où je pouvais voir de véritables injures », avoue-t-il dans À travers chants. Et après avoir rencontré Brahms à Leipzig, en 1853, à l’initiative du violoniste Joseph Joachim, il écrira à ce dernier : « Je vous remercie de m’avoir fait connaître ce jeune audacieux si timide qui s’avise de faire de la musique nouvelle. Il souffrira beaucoup… »
La sympathie entre les deux musiciens, séparés par une trentaine d’années, fut vive mais sans lendemain. Mais la Troisième Symphonie de Brahms, comme Harold en Italie, ne fut-elle pas composée quelques mois après un séjour au-delà des Alpes ? Elle suit par ailleurs de quatre ans le Concerto pour violon et fut créée à Vienne sous la direction de Hans Richter, qui crut voir en elle une Symphonie héroïque. Il s’agit en réalité d’une partition aux couleurs d’automne comme Brahms aime à les composer, qui commence par un Allegro véhément, certes, mais dont les pages les plus éloquentes sont les deux mouvements centraux (l’Andante, avec ses trombones, est d’une solennité inattendue), au point que le tendre Quasi allegretto fut repris et adapté par plus d’un musicien de jazz et plus d’un auteur de chansons. Brahms pressentait-il cet engouement déboutonné en parlant déjà de sa « symphonie malheureusement trop célèbre » ? Le finale, sinueux et changeant, s’achève dans une espèce de sérénité résignée. On a du mal à y entendre cette « mélancolie de l’impuissance » dont parlait Nietzsche !

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