De l'écoute, du compromis, mais pas de miracle. Voilà ce qu'il fallait retenir, en substance, des premiers déplacements du Premier ministre Michel Barnier ce week-end. Quelques jours après sa nomination surprise à Matignon, l'ancien candidat à la présidentielle multiplie les consultations depuis plusieurs jours, de Laurent Wauquiez à Elisabeth Borne en passant par Yaël Braun-Pivet. Et ce petit manège pourrait durer longtemps, l'intéressé ayant annoncé que son discours de politique générale se tiendrait début octobre. C'est pourtant à ce moment-là que devront commencer les discussions au Parlement sur le budget 2025, sous haute surveillance du Rassemblement national qui agite la menace de censure. "Si vous tombez sur un premier ministre qui vous dit qu’il va faire des miracles, méfiez-vous !", a averti Michel Barnier, précisant : "Face à cette urgence, je ne m'interdis pas une plus grande justice fiscale". Pour se démarquer du RN, l'ancien commissaire européen consulte à gauche, selon Le Monde, au grand étonnement de plusieurs ténors socialistes qui attendent encore un éventuel appel de Matignon. Pour certains, pas question de rejoindre un gouvernement de droite. "Quand un gouvernement va être de droite, sur une politique de droite, soutenu par l’extrême droite, comment voulez-vous que des hommes et des femmes de gauche y participent ?", a prévenu sur France inter François Hollande, désormais député PS. Ce week-end, la chef de file des Verts Marine Tondelier avait déjà annoncé qu'aucun membre de son parti ne rejoindrait le gouvernement.
"Il y aura des gens de gauche" dans l’équipe exécutive, a assuré sur BFM TV, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, proche de Michel Barnier, qui s'est aussi félicité du "retour à la politique sérieuse, sobre et solide" que symbolise cette nomination. Pour mieux comprendre la personnalité du Premier ministre, nous sommes allés interroger celui qui fut Premier ministre entre 2002 et 2005, sous Jacques Chirac.
Michel Barnier avait choisi l'hôpital pour enfants de Necker pour son premier déplacement, faisant de la santé l'une de ses priorités pour son mandat. À quelques centaines de kilomètres au sud, à Digne-les-Bains, l'hôpital est au bord de la rupture. Au mois d'août, le centre hospitalier a dû fermer ses urgences de nuit pendant plusieurs jours, par manque de personnel. "Le symbole de la politique de l'hôpital public menée depuis 40 ans", indique la CGT 04. "La situation du service public hospitalier est en danger", a déclaré dans un communiqué le sénateur des Alpes de Haute-Provence, Jean-Yves Roux. "Depuis plusieurs semaines, on assiste au délitement des services des Urgences". Fin août, la maire Patricia Granet-Brunello, a pris un arrêté municipal appelant l'État à agir afin de garantir l’égalité d’accès aux soins, sous peine d'une astreinte de 1 000 euros par jour. Une mesure similaire avait été prise par une vingtaine de maires des Côtes-d'Armor en juin.
Comment Michel Barnier va-t-il organiser son gouvernement ? Sa nomination symbolise-t-elle le retour à une politique plus classique, comme le sous-entendent certains ? Et pourquoi la mairie de Digne-les-Bains saisit l'État pour sauver son hôpital public ?
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