ARBRES FRUITIERS, LES CHOISIR, LES TAILLER, LES SOIGNER, LES CONSEILS D’UN PRO (Saga Chantilly N°16)

En avant-première des Journées des Plantes de Chantilly qui chaque année, au printemps et en automne, réunissent plus d’une centaine de professionnels de l’horticulture et de la pépinière, le rédacteur en chef de NewsJardinTV, Patrick Mioulane, vous propose de profiter de l’expertise de Laurent Châtelain, dirigeant des pépinières éponymes, qui produit dans le nord de l’Île-de-France, 400 variétés fruitières dans des formes souvent uniques.
Chacun de nous a envie aujourd’hui d’avoir un jardin productif qui nous régale et même dans un petit espace il est possible de récolter des fruits, en plantant tout simplement des formes plates (cordon, palmette, losange…). Les pépinières Châtelain ont une collection labellisée par le CCVS (Conservatoire des collections végétales spécialisées) en matière de formes fruitières palissées, avec 7 formes dites « Versaillaises » (cube, sphère, pyramide, vase, etc.) et 8 formes plus classiques.
On croit à tort qu’entretenir des fruitiers en formes plates est compliqué. En fait, il suffit d’intervenir trois fois dans la saison : deux tailles en vert début juin et août/septembre et une taille d’hiver en janvier pour la formation et la fructification. Le but étant de privilégier les gros bourgeons (yeux à fleurs) qui donneront les fruits.
La qualité d’un arbre fruitier formé vient d’abord de son porte-greffe. C’est lui qui contrôle la vigueur. Peu de pépiniéristes en France ont une bonne connaissance des porte-greffes fruitiers. Ce sont des sélections qui ont été classifiées peu avant la Première Guerre mondiale par les Anglais et depuis cette époque, c’est toujours la même classification qui est valide.
Les jardiniers amateurs n’ayant quasiment pas accès à ces porte-greffes, il importe donc de choisir le bon pépiniériste lors de l’achat d’un arbre fruitier.
Les formes palissées présentent des caractères esthétiques indéniables qui permettent de les accueillir dans tous les styles de jardins. Il est également possible d’en cultiver certaines en pots, sachant que le volume racinaire doit être égal au volume foliaire. Les arbres fruitiers cultivés en pots ne doivent pas manquer d’eau, Laurent Châtelain conseille donc de leur associer un arrosage automatique.
Les palmettes habillent très joliment les murs et l’on se demande toujours à quelle hauteur les limiter. Notre expert conseille de s’arrêter entre 2,50 et 3,50 m, 3 m étant l’idéal.
Côté taille mieux vaut mal tailler que ne pas tailler du tout car l’important avec les formes palissées c’est de leur conserver leur structure initiale. Il ne faut pas se laisser déborder par des rameaux qui peuvent se développer en abondance au cours de la saison.
Lors de la taille d’hiver, on coupera plus court les branches situées à l’intérieur de la palmette. On réduit même leur hauteurs de manière à forcer la sève à bien irriguer les charpentières périphériques.
Nos deux jardiniers expliquent quelques cas de taille en partant d’exemples précis, l’idée étant de toujours raccourcir les pousses vers les charpentières et de privilégier les gros bourgeons qui donneront les fruits. Il faut même limiter le nombre de ces derniers pour optimiser la production.
Lorsqu’il y a trop de fruits, il ne faut pas hésiter à limiter leur nombre. C’est ce que l’on appelle l’éclaircissage. L’opération qui consiste à ne conserver qu’un maximum de 3 fruits par bouquet, se pratique en mai/juin chez les poiriers et pommiers.
La taille permet une vision de l’arbre sur plusieurs années. C’est une projection sur l’avenir qui nécessite une réflexion avant chaque coup de sécateur qui doit avoir sa justification.
Laurent conseille de toujours privilégier les bourgeons (les yeux) qui se trouvent sous le rameau car ils vont recevoir moins de sève et auront tendance à se transformer plus aisément en production fertile (dard ou bouton à fleur).
Après avoir abordé les bases de la taille d’hiver, Patrick et Laurent passent à la taille en vert, intervention très importante pour la production future. Le but est de réduire très sensiblement le volume foliaire en coupant toutes les pousses nouvelles entre 3 et 5 feuilles de leur point de départ (entre 5 et 10 cm), lorsque ces rameaux de l’année ont atteint entre 30 et 50 cm.
Les feuilles constituent un peu le moteur de la plante (on peut les comparer à des panneaux photovoltaïques car elles absorbent l’énergie solaire) et le but est de limiter leur nombre afin que l’arbre forme des bourgeons fertiles. En effet, chez les arbres fruitiers, la vigueur est inversement proportionnelle à la fertilité. Plus un arbre produit des feuilles et moins il fructifie.

Merci de suivre NewsJardinTV et d’apprécier nos programmes. Et puisque vous aimez les plantes, la nature et les jardins, ne manquez pas notre émission journalière « Le Quotidien du jardin ». C’est chaque soir de la semaine à partir de 19 heures sur NewsJardinTV et nulle part ailleurs !