Dans l’univers ondoyant des disciplines corporelles, il est une pratique douce et précieuse, à la portée de toutes les âmes consciencieuses, qui aspire à libérer l’axe sacré de notre demeure charnelle : je veux parler ici d’une routine de cinq minutes, consacrée à la flexibilité et à la mobilité de la colonne vertébrale, temple de notre verticalité et réceptacle discret de l’énergie vitale. Peu de gestes, mais accomplis avec soin, peuvent suffire à ranimer les courants endormis du dos et à restaurer l’harmonie souveraine des lombes fatiguées par les fardeaux du siècle.
Celui qui s’y adonne chaque matin, ou même aux heures suspendues du crépuscule, perçoit bientôt en ses chairs comme une onde bienfaisante, un frémissement souple qui irrigue les vertèbres de vie nouvelle. Le tronc s’allonge et s’éveille, non point dans une violence ostentatoire, mais dans le murmure d’un relâchement progressif, comme si la nature elle-même, guidée par un souffle intelligent, venait redresser l’arbre intérieur de l’homme. Le rachis, longtemps comprimé par les habitudes sédentaires ou les passions accablantes, recouvre alors sa dignité de pilier souple et vivant, et les nerfs, délivrés de leurs entraves, communiquent à nouveau avec fluidité les impulsions du cerveau à la périphérie.
Il est des douleurs muettes, logées dans les méandres lombaires, qui cèdent sous l’effet de ces étirements savamment orchestrés, pareils aux mains d’un ami invisible qui, dans un silence plein de science, remettrait en place ce qui fut oublié. Le souffle devient plus profond, la cage thoracique se dilate comme sous l’effet d’un zéphyr interne, et l’esprit lui-même, comme délié de ses lourdeurs, s’élève avec une aisance nouvelle. C’est une résurrection infime mais certaine, où l’individu, tout en restant immobile dans son logis, franchit le seuil d’une mobilité reconquise, d’une paix retrouvée.
Ainsi, en cinq minutes offertes sans hâte au culte discret du soin de soi, se tissent les fils d’un mieux-être durable, d’un soulagement noble et simple. Ce n’est point là une gymnastique vaine, mais un acte d’amour articulé, une danse intérieure que le siècle moderne, tout accaparé par le tumulte, ferait bien de réhabiliter. Car qui redresse son dos, redresse aussi son destin.
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