La Critique de la raison pure (4/4) : La fin d'un "Je"

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Les Nouveaux Chemins de la connaissance.
Par Adèle Van Reeth.
Émission du 13.10.2016.

Michèle Cohen-Halimi mène aujourd'hui l'enquête et montre comment les différentes réceptions de Kant en Allemagne ont sculpté le destin de la métaphysique.

Lire la Critique de la raison pure comme un roman policier : c'est le pari que fait Kracauer avec le jeune Adorno tandis qu'ils lisent ensemble l'immense œuvre de Kant. Comment prendre au sérieux cette assertion ? Qui est le meurtrier, et qui la victime ? Et qu'est-ce que Kant achève définitivement à travers sa critique du sujet comme substance pensante ?

Le texte du jour :

« Arrière, fantômes ! je vais parler d’un homme dont le nom seul exerce une puissance d’exorcisme, je parle d’Emmanuel Kant.

On dit que les esprits de la nuit s’épouvantent quand ils aperçoivent le glaive d’un bourreau. De quelle terreur doivent-ils donc être frappés quand on leur présente la Critique de la raison pure de Kant ! Ce livre est le glaive qui tua en Allemagne le Dieu des déistes.

A dire vrai, vous autres Français, vous avez été doux et modérés, comparés à nous autres Allemands : vous n’avez pu tuer qu’un roi, et encore vous fallut-il en cette occasion tambouriner, vociférer, et trépigner à ébranler tout le globe. On fait réellement trop d’honneur à Maximilien Robespierre en le comparant à Emmanuel Kant. Maximilien Robespierre, le grand badaud de la rue Saint-Honoré, avait sans doute ses accès de destruction quand il était question de la royauté, et il se démenait d’une manière assez effrayante dans son épilepsie régicide. (…) Mais si Emmanuel Kant, ce grand démolisseur dans le domaine de la pensée, surpassa de beaucoup en terrorisme Maximilien Robespierre, il a pourtant avec lui quelques ressemblances qui provoquent un parallèle entre ces deux hommes. D’abord nous trouvons chez tous deux cette probité inexorable, tranchante, incommode, sans poésie ; et puis tous deux ont le même talent de défiance, que l’un traduit par le mot de critique, et qu’il tourne contre les idées, tandis que l’autre l’emploie contre les hommes et l’appelle vertu républicaine. D’ailleurs, ils relèvent tous deux au plus haut degré le type du badaud, du boutiquier… La nature les avait destinés à peser du café et du sucre ; mais la fatalité voulut qu’ils tinssent une autre balance, et jeta à l’un un roi, à l’autre un Dieu…
Et ils pesèrent exactement. »
Heinrich Heine, De l’Allemagne (Gallimard, 1998)

Lectures :

- Heinrich Heine, De l’Allemagne (Gallimard, 1998)
- Adorno, Notes sur la littérature (Champs-Essais, 1984)
- Kant, Critique de la raison pure (Flammarion, 2006)

Extraits :

- Harry dans tous ses états, film de Woody Allen (1997)
- Cluedo, film de Jonathan Lynn (1985)

Références musicales :

- George Fenton, Bob’s on the job
- Helios, Hollie
- Marie Dubas, Je ne sais pas ce qui se passe en moi
- The Kinks, Unreal reality


Intervenant :

Michèle Cohen-Halimi : maître de conférences en philosophie à l’Université de Paris Ouest Nanterre et spécialiste de philosophie allemande.

Bibliographie :

- Cahiers philosophiques, n° 143 : Siegfried Kracauer
Canopé, 2015
- Entendre raison: essai sur la philosophie pratique de Kant
Vrin, 2004, Michèle Cohen-Halimi
- Stridence spéculative: : Adorno Lyotard Derrida
Payot, 2014, Michèle Cohen-Halimi

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