LA FRONTIÈRE DE L'EUROPE (Grèce)

D’après le gouvernement grec, 130 000 migrants seraient entrés illégalement en Grèce en 2011. La plupart passent par la frontière gréco-turque, délimitée par une rivière : l’Evros. Pourquoi cette frontière est-elle poreuse ? Comment s’organisent les réseaux de passeurs ? Quel sort attend les migrants qui posent le pied sur le sol européen ?

Le reportage commence avec un groupe de Syriens et de Bangladais, rencontrés autour d’un feu de bois dans la nuit noire, une heure après leur traversée. Parmi eux, une jeune maman et son enfant de 6 ans. Nous les avons suivis lors de leur première journée en Grèce. Comme le leur conseille le bouche- à oreille, ils appellent, fait surprenant, les policiers grecs. Une camionnette les recueille et les conduit au commissariat, puis au centre de rétention, dont ils sortiront le soir. En réalité très peu de clandestins sont expulsés de Grèce : moins de 2000 l’an dernier. Les migrants que nous suivons seront tous libérés avec en main un papier blanc rédigé en grec. Ils pensent qu’il s’agit d’un permis de séjour, mais c’est en réalité une injonction de quitter le territoire grec sous 30 jours. Un mois de légalité qui va leur permettre, si tel est leur souhait, de s’organiser pour gagner un autre pays européen. Mais c’est là une autre paire de manches : il est en réalité plus facile d’entrer en Grèce que d’en sortir.

Côté turc, comment les migrants organisent-ils leur passage en Grèce ? Istanbul est la « gare de triage » des candidats à l’exil, qu’ils soient Africains, Afghans, Pakistanais... Rencontre avec Libre, Koko et Tito, trois ressortissants de République Démocratique du Congo. Ils sont venus s’établir dans la métropole turque le temps de trouver un passeur. En réalité, un rabatteur, car nous verrons qu’il ya plusieurs intermédiaires jusqu’à la frontière... Nous accompagnerons les Congolais tout le long de leur périple nocturne vers l’Europe. Un voyage mouvementé qui s’achèvera par une arrestation.

En ce début de printemps, le débit de l’Evros est puissant. Le fleuve est dangereux et sa traversée sur des bateaux de plastique gonflables peut s’avérer fatale. 48 migrants morts en 2011. Rencontre avec le médecin-légiste d’Alexandropolis, la grande ville de la région, qui voit passer tous les corps des migrants repêchés dans le fleuve, et avec le mufti grec qui les enterre.
Enfin, évocation avec la police grecque de la grande clôture que l’Etat grec a décidé d’ériger le long de la frontière terrestre avec la Turquie. Nous découvrirons un prototype de cette barrière. Une solution controversée qui met en colère le maire de la petite ville de Souffli.

Un film de : Angélique Kourounis, Saddek Chettab et Thomas Jacobi

Première diffusion : 4/6/2012