Si la plupart des oiseaux passent leur temps au plus profond de la végétation, il en est d'autres qui ont une sainte horreur de la verdure. Le petit gravelot est un exemple de ces allergiques à la chlorophylle. Pour lui, rien ne vaut une belle gravière, au bord de l'eau, bien dégagée et caillouteuse.
Ainsi, dès le mois d'avril, arrivant des pays chauds où ils ont passé l'hiver, les gravelots s'installent à grands cris sur leurs territoires qu'ils survolent régulièrement selon le même itinéraire.
Mais c'est surtout au sol, parmi les graviers et les galets déposés par les rivières, que ces oiseaux passent l'essentiel de leur existence. Ils s'y déplacent avec une aisance étonnante, comme montés sur des roulettes, et ne s'éloignent guère du rivage.
Mais, me direz-vous, qu'est-ce que les petits gravelots peuvent bien se mettre dans le bec, en ces lieux inhospitaliers ? Eh bien malgré les apparences un peu désertiques, les champs de cailloux cachent bon nombre d'araignées, de larves d'insectes, de petits vers, qui se retrouveront automatiquement un jour ou l'autre au menu.
Sans compter ce qu'ils peuvent trouver en supplément dans l'eau, car si certains oiseaux supportent mal les averses qui les laissent un peu transis, les petits gravelots n'hésitent pas, eux, à en profiter largement.
Le choix d'habiter les grandes gravières au bord des rivières est tout à fait habituel : mais parfois les petits gravelots s'installent sur des milieux complètement artificiels. C'est le cas de ce couple dont la femelle a commencé à pondre.
Les œufs sont déposés à même le sol, pratiquement invisibles tant ils se confondent avec les cailloux.
Le nid quant à lui se résume à une simple cuvette... d'ailleurs, essayez de le trouver maintenant !... On ne peut guère imaginer de meilleure protection, n'est-ce pas.
La femelle pond presque toujours 4 œufs, plus rarement 3. Ils sont très gros par rapport à sa taille puisqu'ils représentent à eux 4 pratiquement le poids de l'oiseau !...
A partir du moment où les gravelots couvent, ils se font beaucoup plus discrets, et leur existence prend un rythme très tranquille...
Une fois installée sur ses œufs, notre couveuse passe pratiquement inaperçue, mais reste attentive au moindre danger, au moindre mouvement anormal dans les environs.
A quelque distance de là, son partenaire monte également une garde vigilante, prêt à donner l'alarme si nécessaire, à l'approche d'une corneille ou d'une pie emmaraude.
Les longues heures de couvaison s'enchaînent sans relâche, entrecoupées seulement de quelques rares intermèdes.
Il faut par exemple retourner régulièrement les œufs pour que la chaleur du corps se répartisse uniformément. Et puis, parfois, les gravelots sont pris par un drôle de tic. Ils se mettent à picorer de petits cailloux et des brindilles qu'ils rejettent machinalement autour d'eux... Façon comme une autre de tuer le temps peut-être pour notre femelle qui attend que son mâle vienne prendre le relais au nid, puisque chez les petits gravelots, on fait moitié-moitié...
Quelques centaines de relais plus tard, c'est à dire 25 jours après le début de la couvaison, le premier poussin est né. Sa tenue de camouflage est plus parfaite encore que celle des œufs.
Et en cas de danger, lorsqu'une énorme caméra se penche sur vous, par exemple, l'immobilité est de règle, ce qui accentue la dissimulation...
A ce stade, les parents viennent encore au nid réchauffer leur progéniture. Mais très vite, une heure ou deux après leur naissance, les jeunes, encore hier maladroits, tentent leurs premières sorties dans les environs immédiats du nid.
Courtes escapades qui les ramènent rapidement bien au chaud dans les plumes maternelles.
Le lendemain de leur naissance, les 3 ou 4 jeunes poussins quittent définitivement le nid.
En trottinant, ils suivent leurs parents qui les emmènent picorer leurs premières proies.
Enfin, trois semaines plus tard, ils prennent leur envol et se dispersent au bord des rivières, avant de partir en migration avec les adultes, à la fin de l'été.
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