Les Soudanais sont pris en otage des combats entre deux généraux rivaux. Le conflit qui a éclaté dans le troisième plus grand pays d’Afrique menace la stabilité de toute la région.
Invité : Roland Marchal, chercheur au centre de recherches internationales (CERI) - Paris
Présentation : Jean-Philippe Schaller
Depuis le début des combats, le 15 avril, les annonces de cessez-le-feu se multiplient mais ils n'ont jamais été respectés. Plus de 500 personnes ont déjà été tuées et des milliers d'autres blessées, dans des affrontements qui touchent surtout la région du Darfour et la capitale du pays, Khartoum, une ville de 5 millions d'habitants avant le début du conflit.
"Il n'y a plus d'eau potable, plus d'électricité dans un pays où il fait très chaud maintenant. Il n'y a plus de médicaments, à la fois parce qu'il y a eu des pillages et parce que des hôpitaux ont été détruits. Et puis, il y a aussi un manque cruel de personnel soignant parce que beaucoup de gens ont été tués ou se sont enfuis", alerte Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.
Les combats opposent deux généraux rivaux : d'un côté, Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du Soudan, à la tête des Forces armées du Soudan (FAS), l’armée régulière. De l’autre, Mohamed Hamdane Daglo, connu sous le nom d’"Hemetti", numéro 2 de la junte au pouvoir, à la tête des Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire.
Ces deux généraux avaient participé, en 2019, à l'éviction du dictateur Omar el-Béchir sous la pression de la rue. Ils ont ensuite pris les rênes de la transition avec un gouvernement civil. En octobre 2021, ils se sont alliés pour mener un coup d'Etat militaire. Ces derniers mois, les tensions entre les deux chefs étaient de plus en plus perceptibles. "Des deux côtés, on avait des signes de réarmement massif, de recrutement massif, de redéploiement des troupes, notamment vers la capitale. La conclusion logique de cela, c'est qu'on allait se battre. Mais il faut le dire, des combats dans une capitale, c'est quand même quelque chose de totalement extraordinaire, d'inacceptable selon tous les principes", souligne Roland Marchal. Plus de 300'000 personnes se sont déplacées à l'intérieur du pays, pour fuir les zones de combat. Plus de 100'000 autres ont quitté le Soudan pour se réfugier dans les pays voisins. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 800'000 personnes pourraient être déplacées par le conflit.
Roland Marchal attire l'attention sur un autre acteur, moins visible, mais qui joue aussi sa carte dans le conflit actuel: le mouvement islamiste, très présent pendant les 30 ans de règne de l'ancien dictateur Omar el-Béchir. "Depuis le coup d'Etat d'octobre 2021, le général Burhane a réintégré des cadres islamistes dans l'appareil d'Etat civil et surtout a redonné davantage de pouvoir à des officiers islamistes", relève le chercheur. "On a à la fois une stratégie de confrontation entre ces deux généraux mais aussi, à terme, le risque d'une restauration autoritaire où le général Burhane pourrait disparaître au profit d'autres généraux sans doute plus proches des nostalgiques de l'ancien régime", poursuit-il.
Au sommaire:
00:00 Soudan, guerre des chefs
01:55 Au Soudan, la guerre que se livrent deux généraux rivaux a fait des centaines de morts
05:41 Roland Marchal: "Si la guerre au Soudan dure, elle impliquera beaucoup plus les Etats de la régions"
12:23 Le combat de la société civile soudanaise contre la dictature
14:52 Roland Marchal: "Au Soudan, il y a le risque d'une restauration autoritaire"
20:42 Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, toujours en proie aux violences
23:21 Omar el-Béchir, 30 ans de règne sur le Soudan
Le site de Géopolitis : http://geopolitis.ch
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