Josquin Desprez Missa de Beata Virgine (édition Vincent Airault) ℝMᵁᴴᶠ

Tablatures de Alonso Mudarra et Enriquez de Valderrabano remaniées.
Cette œuvre est la seule messe de J Desprez non constituée sur un Ton unique. Nous avons ici les tons 1 dorien et 8 hypomixolydien en sol.

Enregistré les 17 et 18 juillet 2024
Guitare Dominique Field 2001

L’idée de proposer cette musique de cette manière est motivée par deux préoccupations principales:
D’une part, la conviction que cette musique est imaginée originellement selon des variétés métriques, souvent indépendantes de la régularité du tempus (présentation en mesures régulières à deux pieds - imperfectum - ou à trois pieds - perfectum -), plus ou moins autonomes selon le texte (ici de l’ordinaire catholique). Il y a beaucoup d’imagination “proportionnelle” chez les musiciens du XVs en particulier.
D’autre part, l’intérêt didactique que cela représente pour l’instrument moderne qu’est la guitare par rapport à la vihuela da mano espagnole.

Premier aspect :
Chacune des quatre voix (superius, contra, tenor, bassus) a son articulation et son découpage métrique propre et varié. Néanmoins, bien entendu, les quatre voix offrent des connexions et des cohésions, liées notamment au contrepoint dit “par nature” (expression du théoricien du XIVs Johannes de Muris) (deux consonances reliées par un ton et un demi ton par mouvement contraire) qui m’ont amené à séquencer la musique selon des durées maximes - 8 12 18, 27 pieds -, longues - 4 6 9 pieds -, brèves - 2 3 pieds - ou exceptionnellement “prolationnées” (avec semi-brèves de trois minimes), avec des terminologies empruntées à des théoriciens du XVs John Hothby ou Ramis de Pareja, contemporains de Johannes Tinctoris. Ainsi, par exemple, 18 pieds peuvent se dire O23 - soit trois longues articulées de deux brèves durant trois semi-brèves), 6 pieds peuvent se dire 02 - soit une capacité longue de trois brèves à deux semi-brèves - ou C3 - une capacité longue de deux brèves à trois semi-brèves, ou encore O ou C pour 3 ou 2 pieds. L’idée étant de penser en “capacités” ce qui fait que O et C se décalent toujours vers la gauche pour signifier la valeur englobante. À noter qu’en cas de mention “tactus majeur”, le pied (tactus) dure une brève et non plus une semi-brève, et j’ai opté pour le barrage des signes O et C.

Second aspect :
Le fait d’essayer de se retrouver sur l’instrument au plus près des quatre voix chantées d’origine, tout en respectant la créativité ornementale des vihuelistes et les choix d’altérations (en tout cas chez Narvaez et Mudarra qui m’apparaissent comme les deux meilleurs musiciens à la vihuela pour ce répertoire). Cela permet de chercher en permanence différents doigtés sur le manche et d’étudier sans cesse la manière de bien dissocier les voix avec les cordes pincées.
Enfin ma motivation consiste également à faire sonner chaque “Ton” (mode ré ou de ré par sol, mode de mi, mode fa par ut, mode sol) selon un diapason unique standard (la à 440 Hz), ce qui peut amener dans certains cas à poser un capodastre de manière très avancée sur le manche, ce qui n’est pas sans poser quelques soucis de justesse parfois.

Guillaume Chalaron amélioré la prise de so « à domicile » grâce à son procédé de mastering rootmastersound.
www.rootmastersound.com

Vincent Airault (15 08 2024)

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