Soirée Ciné au Jardin, La Bastide de la Source, St-Saturnin-lès-Apt, 27 octobre 2023.

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Projection de L'école des facteurs (court-métrage de Jacques Tati, 1947) suivi de La fin du voyage (réal. François Althabegoïty, 2003) en open air.
De quoi évoquer le vélo, le voyage,

Dans « La Fin du voyage », un documentaire de 52’, le réalisateur François Althabegoïty dresse un portrait intimiste de Claude Marthaler saisi sur le vif au retour de son voyage. Emotions, questions, doutes, témoignages de sa mère, de ses amis, le film aborde sans artifice le Post Travel Syndrôme, ce creux de la vague qu’éprouvent si souvent les marins, les pilotes, les alpinistes ou les voyageurs posant pied à terre au terme d’un long périple.

Entre la nostalgie, le présent et tirer des plans sur la comète, comment «rebondir », se ré-accoutumer à une vie sédentaire et trouver les moyens de vivre de sa passion ?

CRITIQUES

LA FIN DU VOYAGE, Le difficile retour en Suisse d’un aventurier du bout du monde

Loin, très loin, de l’autre côté de la Terre… Qui n’a pas songé à partir à l’aventure? Claude Marthaler a réalisé ce rêve. Le 12 mars 1994, il quitte Genève à vélo. Direction le Japon. Parti pour deux ans, il ne rentre finalement que sept ans plus tard, 120 000 kilomètres au compteur de sa bicyclette surchargée et un long tour du monde dans les pattes.

De son aventure il rapporte plus que le parfum, des photos, des souvenirs, des tas d’anecdotes, et surtout des doutes, des questions. Qui est-il réellement? De retour après sept années d’absence, comment va-t-il être accueilli? Pourra-t-il se réintégrer dans la société genevoise, sédentaire et citadine?

François Althabegoïty, réalisateur de ce documentaire, le rejoint pendant les quatre derniers mois du périple. Claude arpente les routes marocaines du sud vers le nord. Dernière escale avant l’Europe: Tanger. Tel un émigrant, il franchit le détroit de Gibraltar et échoue sur ce qui est devenu pour lui une terre inconnue.

Six mois plus tard, le réalisateur retrouve Claude Marthaler à Genève, où le voyageur a décidé de poser son sac. A son arrivée, une fête en petit comité, presque intime, donne la mesure du chemin qu’il lui reste à parcourir sur la voie de la réintégration. Il veut faire connaître son aventure, contacter les médias, « vendre » son voyage. Unique moyen de subsistance pour un homme qui n’a pas de métier, pas d’enfants. Ses amis de jeunesse se sont éloignés, même sa mère a du mal à le comprendre. « Tu as changé, mais je ne sais pas comment« , avoue-t-elle.

Claude semble écartelé entre deux réalités: son aventure et la vie de tous les jours en Suisse. Seul sur la route, il n’a de compte à rendre à personne. Il mène sa vie d’errance sans but précis. A Genève, il lui faut sans cesse composer avec l’autre. François Althabegoïty a construit son documentaire sur cette dualité. La Fin du voyage montre le difficile chemin de l’intégration.

Nomade ou sédentaire, Claude hésite. Comme le documentaire, il erre, il traîne un peu, mais il pose la question essentielle. Qui est-on vraiment?

Fl. B in Le Monde Télévision/Samedi 8 novembre 2003

LE BLUES DE l’AVENTURIER, Le choc du retour, après sept années passées à parcourir le monde à vélo.

Le 12 mars 1994, Claude Marthaler quitte Genève à vélo pour Tokyo. Il se donne deux ans pour atteindre son but. Finalement, le voyage durera sept années: de l’Asie à l’Afrique en passant par l’Alaska et l’Amérique du Sud, il aura parcouru 120000 kilomètres à bicyclette. Un rêve de gosse dont on ne revient pas indemne. Déjà, pendant les dernières semaines de son périple au Maroc, la caméra de François Althabegoïty le surprend à s’interroger. Faire face à l’exubérance des retrouvailles, retourner à la vie civile: autant de questions qui taraudent le globe-trotter angoissé à l’idée de mettre fin à une aussi longue aventure. « Le voyage est un exercice de disparition, confie-t-il, un deuil permanent des paysages et des gens que l’on rencontre et que l’on ne reverra jamais. »

Sa dernière nuit à l’hôtel est étrange. Cheveux longs et ciré jaune, il déambule au milieu des clients chics et du personnel en livrée. Puis c’est le choc du retour chez lui où sa mère et ses amis lui font fête, embrassades chaleureuses et pudiques à l’appui. Six mois de silence, ensuite, que l’on devine pénibles, puis la « réinsertion » du voyageur s’amorce, petit à petit. La rencontre avec un éditeur enthousiaste par son histoire va apporter à Claude reconnaissance et moyens financiers. Enfin remis en selle, le cycliste au long cours rêve déjà d’un nouveau voyage.

Gaëlle Desportes in TéléCinéObs, 16 novembre 2003

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