Saint-Sulpice organ, Schweitzer concert 7, Daniel Roth plays Franck Prière (13 May 2013)

Vendredi 17 mai 2013: Soirée de commémoration du centenaire de la création de l'hôpital de Lambaréné, Gabon, par Albert Schweitzer (1875-1965).

Conférence à la Mairie du VIème Arr. de Paris suivie d’un concert d’orgue à l’église Saint-Sulpice.

Daniel Roth:
César Franck, Prière.

Voici comment Albert Schweitzer décrivait l'image esthétique de la Prière de César Franck:

"Le thème en mineur, composé de simples accords, exposé au clavier de grand orgue sans partie de pédale, est vraiment une Prière. Cette mélodie s’élève comme une imploration pour ensuite s’abimer humblement avec confiance dans la Foi. Surgit alors, à la basse, un motif interrogatif incarnant le Doute, contre lequel le thème de la Prière va devoir lutter. Dans ce combat, les voix de soprano et de basse tiennent un dialogue fervent. Mais, régulièrement, le motif du Doute interrompt cette lutte pour la paix, jusqu’à ce que le discours soit brisé par une douloureuse dissonance.
A présent, le thème de la Prière se fait entendre en solo (récitatif) et veut débattre avec celui du Doute. Par ce jeu de questions et de réponses, le thème de la Prière trouve la force de se métamorphoser dans le mode majeur. Le thème de la Foi, en octaves et fièrement ascendant, lui vient alors en aide. Dans une surabondante béatitude, le thème de la Prière, transformé en majeur, évolue dans la jubilation (mouvement de triolets) comme sur des nuages lumineux. Le thème du Doute l’arrache pourtant à cette félicité et la lutte reprend à nouveau. Le thème de la Prière est alors relégué dans le mode mineur. Et c’est en mineur qu’il triomphe. Développé de la basse au soprano, il anéantit finalement le Doute et s’éteint dans la nuance pianissimo, comme s’il voulait nous enseigner que prier devrait consister à s’abandonner entièrement à Dieu. Avec cette prière en musique, le pieux Maître Franck nous offre une partie de son âme".