S’il est un sujet passionnant à souhait quand on aborde le cas de l’histoire automobile française, c’est le chapitre des voitures populaires. Précisément le problème de Peugeot au début des Golden Sixties. Et pourtant, avec ses 201, 202 et 203, le constructeur au lion a déjà connu la réussite. Mais face à Citroën, Renault, Simca et tous les autres, il était temps de réagir…
Et cette réaction portera l’appellation projet D12 ! Qui aboutira, au printemps 1965, à la présentation officielle de la Peugeot 204, nouvelle représentante de la marque dans le segment des petites autos. Si le constructeur au lion a suivi la numérotation de ses modèles, la 204 succédant donc à la 203, il a aussi fait honneur à une évidente qualité d’ensemble.
A commencer par la ligne, à la fois classique et élégante, que l’on doit à Pininfarina ! Cible privilégiée : une clientèle en quête d’une voiture abordable, mais néanmoins plus cossue que les légendaires Citroën 2CV et Renault 4 ! Force est de reconnaître que Peugeot a mis dans le mille…
D’autant que techniquement, le lion a aussi décidé d’aller de l’avant. Si l’on excepte les fourgons D3 et D4 des années ’50, la 204 est en effet la première traction avant signée Peugeot ! Une solution synonyme de gain de poids, mais aussi de meilleure tenue de cap, puisque désormais, ce sont les roues avant qui sont les maîtresses du jeu !
Et puis, sous le capot de la 204, on trouve un moteur inédit de la nouvelle génération. Un petit 1100cc, réalisé en alliage, installé en position latérale, ce qui va permettre de gagner de l’espace au bénéfice de l’habitacle. Habitacle se caractérise par une large surface vitrée et de minces montants. Et qui est plutôt réussi.
Pour accompagner cette mécanique essence 1100cc, Peugeot va proposer un bloc diesel de 1255cc, soit le plus petit moteur diesel au monde équipant une voiture de série ! La puissance était de 45 chevaux, mais la mise au point s’est avérée délicate, ce qui entrainera assez vite l’apparition d’un moteur de 1357cc, de 5 chevaux plus puissant. Ce moteur diesel avait pour avantages de limiter la période de préchauffage, mais aussi d’atténuer le bruit et les vibrations. Pas un luxe pour les mécaniques diesel de l’époque…
Ah oui, le châssis de la 204 était doté de roues indépendantes, et surtout, de freins à disque à l’avant ! Des solutions techniques qui contribueront à offrir au modèle une excellente image et une tenue de cap plus que satisfaisante, d’ailleurs considérée comme l’une des meilleures de sa catégorie. La preuve : cette conception sera conservée pour les modèles suivants, qu’il s’agisse de la 304, de la 104 ou de la 305.
En un mot comme en cent, avec un tarif attrayant, une puissance appréciable de 52 chevaux, un habitacle spacieux et esthétiquement réussi, un coffre digne de ce nom, et une ligne qui fait l’unanimité, avec notamment une calandre qui ne ressemble à aucune autre, la 204 va d’emblée séduire un public familial à souhait. Résultat : elle intégrera très vite le top 3 des meilleures ventes, devenant même la voiture la plus vendue en France en 1969, 1970 et 1971 !
D’autant que Peugeot a eu de la suite dans les idées, et que la version break, qui illustre cette saga de la 204, a fait directement son apparition au catalogue. Il est vrai qu’au cœur des années ’60, ce côté utilitaire ne pouvait que plaire aux petits commerçants.
Autre bonne idée de Peugeot : ne pas s’endormir sur ses lauriers. Avec pour effet que la 204 va rapidement évoluer, mais par petites touches. Toujours aller de l’avant, sans jamais choquer… Nouvelles roues en 1966, nouveaux feux arrière un an plus tard, tableau de bord à cadrans ronds en 1967, pare-chocs avec bourrelets de protection en caoutchouc en ’69, clignotants, calandre avant, enjoliveurs, le modèle ne cessera jamais d’évoluer, jusque dans les derniers mois de sa production !
Si on ajoute les plus exclusives versions coupé, cabriolet et fourgonnette, vous comprenez que Peugeot a eu l’excellente idée de décliner sa 204 à toutes les sauces et toutes les modes. Avec pas moins de six carrosseries différentes, il convient même de parler d’un éclectisme inédit pour cette catégorie de véhicule. Ce qui explique d’ailleurs des chiffres de production impressionnants.
Si certains considèrent que la 304 a succédé à la 204, ce n’est clairement pas le cas. Apparue à la fin des années ’60, la 304 constituait en offre une offre supplémentaire, avec les mêmes caractéristiques techniques, mais une caisse plus grande.
C’est au début de l’été 1976 que la production de la Peugeot 204 cessera. La fin d’une bien belle histoire, en fait de celles qui ont marqué l’histoire de l’automobile française. (Vincent Franssen)
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