La France xénophobe, raciste et discriminatoire envers les étrangers et les ROMS

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source de la vidéo : France 24, le 12/08/2010.
source du texte : AFP, le 12/08/2010.

La France a été clouée au pilori mercredi 11 et jeudi 12 août 2010 par les experts du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (CERD), qui ont dénoncé un «manque de volonté politique» face à une «recrudescence» des actes racistes dans ce pays.

La politique française envers les minorités était passée au crible dans le cadre de l'examen périodique des pays ayant ratifié la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965.

Habituellement très technique, le débat a pris un tour politique après les annonces fracassantes de ces dernières semaines du chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, qui a réclamé la déchéance de la nationalité française pour meurtre de policier ou pour polygamie, lancé l'évacuation de camps illégaux de Roms et fustigé les cas de délinquance dans cette population d'origine roumaine et bulgare ainsi que parmi les gens du voyage.
Plan de lutte contre le racisme

Dans ce contexte chargé, la délégation française a présenté un rapport énumérant les mesures mises en place depuis son dernier examen devant le CERD en 2005, et surtout annoncé le lancement très attendu d'un plan national de lutte contre le racisme.

Cette annonce, saluée par les 18 experts du comité, n'a pas permis d'amoindrir une salve de critiques virulentes, notamment sur les déclarations du président, qui constituent selon un expert «une incitation à la haine».

La France est confrontée à une «recrudescence notable du racisme et de la xénophobie», a affirmé l'expert togolais Kokou Ewomsan.

Concernant les gens du voyage, dont le nombre est estimé à quelque 400.000 personnes à 95% françaises, certains ont dénoncé un amalgame avec les Roms et surtout le système d'attribution de visa de circulation tous les trois mois.

«Le carnet de circulation nous rappelle l'époque de Pétain», a affirmé Waliakoye Saidou (Niger).
Déchéance de nationalité

La question du renvoi des Roms, dont plus de 40 camps illégaux ont été démantelés en 15 jours, a été évoquée à plusieurs reprises.

«Comment comprendre que les Roms (...) puissent être extradés comme s'ils n'appartenaient pas à l'Union européenne?», s'est interrogé l'expert algérien Nourredine Amir. «Je ne savais pas que dans un même pays on pouvait faire la différence entre un citoyen de première et de deuxième catégorie», a-t-il ajouté.

Sur la déchéance de la nationalité, le Turc Gun Kut a déclaré: «Je ne comprends pas ce que c'est qu'un Français d'origine étrangère» et «je me demande si cela est compatible avec la Constitution».

Au total, en refusant de reconnaître le droit des minorités, la France pratique une politique «chaotique», a estimé l'experte du Burkina Faso.

Le rapporteur de la session, l'Américain Pierre-Richard Prosper, a affirmé: «Ce qui manque en France, c'est une vraie volonté politique».
«Récentes dérives»

Surprise par la vigueur de ces critiques, la délégation française s'est attachée jeudi à défendre bec et ongles les positions du gouvernement.

Elle a rejeté les problèmes de légalité des mesures contre les Roms et a assuré qu'une révision de la loi de 1969 sur les gens du voyage était à l'étude, notamment sur la question du droit de vote.

Elle a en revanche botté en touche sur la déchéance de la nationalité, la loi relative à cette mesure n'ayant pas encore été élaborée.

Les ONG se sont félicitées des interrogations d'experts internationaux sur ce qu'elles ont appelé les «récentes dérives du président français».

La France, où l'on observe «un climat général de durcissement de la xénophobie», «a été mise sur le grill» comme jamais, a estimé Malik Salemkour, de la Ligue des droits de l'homme.

Le CERD doit conclure sa session par une série de recommandations à la France le 27 août.

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