BARBE BLEUE de Pina Bausch (1977) | Entrée au répertoire de l’Opéra de Paris, juin-juillet 2024

Описание к видео BARBE BLEUE de Pina Bausch (1977) | Entrée au répertoire de l’Opéra de Paris, juin-juillet 2024

Hier soir entrée au répertoire de l'Opéra de Paris d'une œuvre fondatrice de Pina Bausch : BARBE BLEUE. Je l'ai vue à sa création en 1977 et de nombreuses fois depuis et toujours, plus que jamais, la fascination opère. C'est une grammaire poétique, un manifeste esthétique et moral de l'art expressionniste de Pina Bausch. Les danseurs de l'opéra de Paris sont tous bouleversants d'énergie, de désespoir et de foi salvatrice en la danse. C'est une cérémonie funèbre sur les rapports humains où la tendresse côtoie le sadomasochiste, où la cruauté devient par moments presque élégiaque, où l’égarements des cœurs et des désirs devient une spirale rageuse où chacun cherche à façonner l’autre à son image puis à l’anéantir. C’est une œuvre peu confortable mais essentielle à bien des égards. Dans les années soixante dix Pina Bausch avec son théâtre dansé réinventait une culture allemande digne de ce nom devenue inexistante depuis le début des années trente. Elle renouait avec ce qui faisait la grande culture germanique en puisant dans l’imaginaire des années vingt. Avec Fassbinder, Wenders, Schroeter, Herzog, Syberberg au cinéma, Markus Lüpertz, Gerhard Richter, Georg Baselitz, Joseph Beuys dans les arts plastiques, elle réinventait une identité culturelle réduite en cendres par les années de fascisme. A sa création à Paris le public et la critique se sont montrés hostiles et même violents. Un critique a jugé obscène qu'une danseuse ne s'épile pas les jambes!!!! Incapable de supporter le miroir fascinant et pourtant tout en nuances que Pina leur tendait. Il y a une scène déchirante qui préfigure le Casanova de Fellini (avec qui Pina tournera E Nave Va) dans laquelle Barbe bleue fait jouer ses muscles de façon pathétique pour séduire une poupée en plastique (chez Fellini Casanova trouvait dans une femme automate l’être idéal). Pina nous rappelle que l’art n’est pas là pour nous divertir, mais pour nous transformer. Art dans lequel elle n’a cessé d’exceller. Et dans lequel aujourd’hui encore, quinze ans après sa mort, elle ne cesse d’exceller.

Комментарии

Информация по комментариям в разработке