Nanterre - L' Après-transit - février 1986

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Un an après leur relogement, Nordine Iznasni et d'autres jeunes de la cité de transit Gutenberg de Nanterre, désormais rasée, reviennent sur les lieux de leur enfance dont il ne reste guère que la trace de fondations dérisoires perdues dans un terrain en friche. Ils blaguent sur l'accueil dans leur nouvel environnement avec un brin de nostalgie pour leur « paradis perdu », et pour les solidarités de voisinage aujourd'hui disparues.
Dispersés entre Antony, Asnières, Gennevilliers, Suresnes ou ailleurs, les jeunes se retrouvent à la gare du RER Nanterre-Ville, sur l'emplacement de la cité, ou encore dans les locaux de Transit-services, la SCOP de déménagement qu'ils ont monté, sise au 7 rue de Saint-Cloud, tout près de la Boule. Ahmed Chouraqui, qui a un temps travaillé comme intérimaire au centre culturel G. Pompidou/Beaubourg, considère avoir été relogé dans de bonnes conditions, et c'est le cas pour la plupart des familles, malgré l'éloignement. Pour autant, il raconte la réputation de délinquance qui leur colle aux basques auprès des nouveaux voisins. « Comme on est les seuls Arabes, et en plus famille nombreuse, on est vite repérés. Ils ont vite fait de nous juger! ». Nordine fait faire une visite à Suresnes où il a été relogé dans une cité HLM. Le gardien, débonnaire, confirme que « Nanterre, c'est un nom qui fait peur... » mais les voisins « ont vu que les gens se tiennent correctement ». Et puis, les familles immigrées ne sont que 14 sur 170, du coup, « on arrive à se supporter ». Nordine lui, insiste sur les nombreux services à proximité, ce qui contraste avec l'isolement d'autrefois. Des filles relogées rajoutent: « Ici, c'est plus propre, et il n'y a pas de boue. »

Madame Guémiah, la maman d'Abdennbi – mortellement blessé à la carabine par un pavillonnaire voisin le 23 octobre 1982-, a été relogée aux Acacias, une HLM à Nanterre. Les relations de voisinage dit-elle, s'y limitent à des salutations de principe. Cependant, les ancien-ne-s de la cité viennent souvent lui rendre visite.

Les locaux de la SCOP ont entretemps été transformés en Centre d'initiatives culturelles. Hassan Joullane, ex-gérant de la cooopérative, rappelle lors d'une discussion avec Nordine Iznasni que l'objectif n'était pas de faire une carrière de déménageurs à vie, mais de contrôler le processus de relogement en prolongeant le rapport de forces favorable constitué par le « mouvement Gutenberg ».
Nordine Iznasni: « Il y avait une motivation d'ensemble, et le poids de la cité par rapport aux pouvoirs publics ça a joué à un moment en termes de rapport de forces .»
Hassane Joullane: « Les pouvoirs publics étaient bien forcés de nous aider. C'est un rapport de forces qu'on a réussi à créer avec tous les gens de l'association. Une fois que la cité n'y était plus, bon bah le rapport de forces n'y était plus, on se retrouve en tant qu'individus et pas en tant qu'association implantée dans une cité. Maintenant, c'est à nous de créer un nouveau rapport de forces par rapport aux problèmes qu'on connait tous. » Et il dit espérer retrouver en ce lieu la dynamique nécessaire pour qu'il devienne « un point de chute, de création, d'action politique, pour que ça bouge à tous les niveaux. »
Dans le local réaménagé, on trouve désormais une association de chômeurs, et différentes activités de management culturel: ateliers d'initiation à l'informatique et d'écriture BD, vidéothèque, promotion de groupes de musique (l'association Gutenberg a ainsi produit un 45 tours de Farid alias « Bobosse »), et mise en place d'une exposition qui donne lieu à un accrochage très « artistique » de quelques oeuvres du peintre égyptien Hamed Abdalla...

Hassan décède le 22 octobre 1996 happé par le RER. Nordine lui, retourne vivre à Nanterre au début des années 1990 où, après de longues années au Mouvement de l'immigration et des banlieues (MIB), il deviendra élu municipal.

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