On peut parler d'un "miracle provençal". Un art accompli, poésie et musique, apparaît d'un seul coup au XIIe siècle. Ses plus anciens exemples ne montrent rien de primitif, de naïf ni de rude. Fond et forme, tout y est élaboré à l'extrême et même à l'excès.
Le phénomène s'explique sans doute par ceci que les plus anciennes chansons que nous ayons sont les premières qu'on ait notées, non les premières qu'on ait chantées. Il a fallu attendre qu'un grand seigneur comme Guillaume de Poitiers, duc d'Aquitaine, s'avisât d'être poète pour que des clercs se vissent forcés de copier des strophes amoureuses ou burlesques, sur leurs parchemins destinés à des traités de théologie ou à des Livres d'heures.
La mode de rimer se répandit dans toutes les cours d'Europe et les souverains et grands féodaux s'y soumirent et s'entourèrent de musiciens. Il faut donc rejeter l'image du troubadour comme d'un poète errant, au manteau troué. Ceux qui étaient de petite naissance avaient leur place dans les cours et accès aux célèbres secrets des comtesses et des reines.
L'ARCHE :
L'ARCHE un Ordre laborieux, que LANZA DEL VASTO fonda dix ans après le retour de ses pèlerinages aux Indes et en Terre Sainte. Foyers groupés autour d'une règle de vie, d'un enseignement spirituel, de la prière et du travail des mains, pour se préparer à la « non-violence ».
Le refus de la violence, c'est le refus de sa cause perpétuelle qui est l'abus. Il s'agit de se libérer de l'argent, des machines et des autres motifs d'excitation, de complication et d'agitation, etc.; ce qui les amène à retrouver les coutumes, et les chansons d'autrefois, et le goût et le style et les modes musicaux anciens. Cela d'autant plus que Chanterelle, la femme du Pèlerin, est Provençale et experte en musique médiévale.
Dans l'Ordre laborieux la musique n'est pas considérée comme un amusement ni comme un luxe, mais répond à un besoin vital. Cette série fut réalisée à la Communauté de Saint- Pierre-de-Sénos, près de Bollène, où Yves Tessier et Mildred Clary se joignirent pour quelques jours aux Compagnons.
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CAN VEI LA LAUZETA
Bernard de Ventadour
Quand je vois l'alouette mouvoir de joie
Son aile à contre-jour,
S'oublier et se laisser choir
Pour la douceur qu'au cœur elle a,
Hélas, je sens monter l'envie
Pour ceux que je vois dans la joie,
Et c'est merveille qu'à l'instant
Le cœur de désir ne me fonde.
Pauvre de moi qui tant pensais
D'amour savoir et si peu sais !
Car me garder ne veux d'aimer
Celle dont rien n'aurai jamais.
Elle a ravi mon cœur, puis soi
À moi et puis le monde entier,
Et, m'ôtant tout, ne m'a laissé
Que désir et cœur languissant.
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C'EST LA-BAS
Anonyme, populaire
C'est là-bas par dessous l'olive,
Je mènerai ma très douce amie !
Fontenelle y courait jolie,
Au Charolais.
Je mènerai ma très douce amie,
Val les prés !
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QUAN LO ROSSINHOLS
Jaufré Rudel
Le rossignol chante au feuillage,
Donne amour, en demande, en prend,
Et meut son chant joyeux de joie,
Regarde sa belle souvent,
Et les ruisseaux sont clairs, les prés riants,
Pour la jeune gaîté qui règne alors.
Me vient au cœur grand'joie descendre.
Amour, je me sépare de vous avec allégresse
Car je vais cherchant mon mieux,
Et j'ai cette bonne aventure
D'en avoir déjà le cœur joyeux,
Grâce à mon Garant
Qui me veut et m'appelle et m'accueille,
Et m'a mis en bon espoir.
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HUMILZ FORFAITZ
Guiraut Riquiers
Car le chemin est au début cuisant,
Apre, étroit, dur à parcourir,
Tant il est dur de s'écarter du monde,
Et tant durs sont les débuts du chemin.
Mais d'aboutir il est deux fois plus dur,
Tant trouve-t-on de périlleux passages
Que nul n'arrive au refuge sans guide.
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PASTOURELLE
Marcabru
L'autre jour dans la prairie
J'ai vu pastoure jolie,
Pleine de sens et de vie.
Comme fille de vilaine
Elle avait cape brunette,
Jupe courte et chemisette,
Souliers et chausses de laine.
Par la plaine vais à elle :
« Je voudrais tenir, ma belle,
Le vent qui vous échevèle. »
« Sire, répond la vilaine,
Si la bise me hérisse,
Merci Dieu et ma nourrice,
Allègre je reste et saine ! »
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LANQUAN LI JORN
Jaufré Rudel
Jaufré Rudel, Prince de Blaye, était l'amant de la comtesse de Tripoli, en Syrie. Il n'avait jamais vu la comtesse et prit la mer pour la rejoindre. Il tomba malade en route et connut le bonheur de mourir dans ses bras.
Lorsque les jours sont longs en mai,
Doux m'est un chant d'oiseau de loin,
Puis quand le chant d'oiseau s'est tu,
Me souviens d'un amour de loin
Et vais par tel chagrin courbé,
Que les chants et les fleurs d'aubépine
Me sont, comme l'hiver, glacées.
Il dit vrai celui qui se moque
De mon désir d'amour de loin.
Puisqu'à nulle autre joie n'aspire
Qu'à jouir d'un amour de loin,
Mais sais que je veux l'impossible :
Mon parrain m'a jeté le sort
D'aimer toujours sans être aimé.
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