France Gall • Interview par Claire Chazal (Dernier album, 1996) • ST SM / SME FR

En décembre 1994, France Gall part s’installer à Los Angeles avec ses deux enfants et leur chat. Les deux années qui viennent de s’écouler ont été particulièrement éprouvantes, entre la disparition de Michel Berger et le cancer du sein de la chanteuse qui a suivi et l’avait contrainte à reporter de quelques mois son spectacle à Bercy. Si le soutien du public a été d’un grand réconfort, les regards constamment braqués sur elle et la mauvaise presse, impudique, lui pèsent. Par ailleurs, l’absence de son époux et père de ses enfants l’a laissée dans un certain désarroi quant à leur éducation. Le couple avait établi leurs rôles respectifs selon leurs meilleures aptitudes : elle était la maman particulièrement présente pour l’enfance, quand l’adolescence et les études seraient davantage supervisées par Michel. À son départ, sans délaisser sa vie d’artiste, ses plus grandes préoccupations étaient le bonheur et l’équilibre de leurs enfants. Elle s’est alors souvenue que, pour Michel, il était primordial que Pauline et Raphaël parlent anglais. Une nécessité qui coïncide donc parfaitement avec leur envie de prendre l’air. Ils préfèreront Los Angeles à Londres ou New York, pour son climat et pour son horizontalité, sans trop de buildings et gratte-ciels. Ils louent à Beverly Hills une maison qu’avait jadis habitée Doris Day. Mais cet exil est aussi l’occasion pour France d’accomplir un projet personnel : l’enregistrement et la production d’une quinzaine de chansons écrites par Michel, habillées de sa propre sensibilité du moment. Quelques mois plus tôt, elle s’y était déjà préparée en réalisant avec Ricky Peterson à Minneapolis le single Les Princes Des Villes. En semaine, alors que ses enfants étudient au lycée français, elle se rend aux Record Plant Studios à Hollywood, de midi à 20h. Sa journée terminée, souvent elle emmène ses enfants et sillonne la ville dans sa cabriolet pour leur faire écouter le fruit de son travail. Le week-end, direction Santa Monica et Venice Beach où ils se prélassent, anonymes, sans se soucier du regard des autres. Enfin. Ils vivent leur rêve américain. C’est au terme de cette parenthèse enchantée que France fait la connaissance de Bruck Dawit, ingénieur du son américain d’origine éthiopienne. Alors qu’elle rentre en France présenter son projet personnel qui incarne la continuité de sa grande histoire avec Michel, elle vit les prémices d’une nouvelle vie. Fidèle à sa nature, discrète et réservée, et malgré une paparazzade qui lèvera le voile sur cette relation naissante en janvier 1996, elle gardera l’élégance du secret encore durant des mois. Ce n’est qu’à l’automne de la même année que, pour la première fois, elle évoquera pudiquement dans la presse l’homme qui partage nouvellement sa vie. Bruck Dawit restera à ses côtés jusqu’à ses derniers jours, en janvier 2018.