Deleuze et la littérature (1/4) : Sous les signes de Proust

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Les Nouveaux chemins de la connaissance
Émission diffusée sur France Culture le 05.12.2016.
Par Adèle Van Reeth.

Aujourd'hui, nous évoquons en compagnie du philosophe et proustien Jacques Darriulat cette lecture philosophique du chef-d'œuvre de Proust À la recherche du temps perdu.

"Ce qui force à penser, c'est le signe", écrit Deleuze dans son essai de 1964 "Proust et les signes". La Recherche du temps perdu serait alors non pas le livre de la mémoire, mais un roman d'apprentissage - apprentissage du déchiffrement des signes qui y prolifèrent, des signes vides de la mondanité aux signes de l'art qui nous mettent face aux essences.

Le texte du jour :
« Ce qui force à penser, c’est le signe. Le signe est l’objet d’une rencontre ; mais c’est précisément la contingence de la rencontre qui garantit la nécessité de ce qu’elle donne à penser. L’acte de penser ne découle pas d’une simple possibilité naturelle. Il est, au contraire, la seule création véritable. La création, c’est la genèse de l’acte de penser dans la pensée elle-même. Or cette genèse implique quelque chose qui fait violence à la pensée, qui l’arrache à sa stupeur naturelle, à ses possibilités seulement abstraites. Penser, c’est toujours interpréter, c’est-à-dire expliquer, développer, traduire un signe. Traduire, déchiffrer, développer sont la forme de la création pure. Il n’y a pas plus de significations explicites que d’idées claires. Il n’y a que des sens impliqués dans des signes ; et si la pensée a le pouvoir d’expliquer le signe, de le développer dans une Idée, c’est parce que l’Idée est déjà là dans le signe, à l’état enveloppé et enroulé, dans l’état obscur de ce qui force à penser. Nous ne cherchons la vérité que dans le temps, contraints et forcés. Le chercheur de vérité, c’est le jaloux qui surprend un signe mensonger sur le visage de l’aimé. C’est l’homme sensible, en tant qu’il rencontre la violence d’une impression. C’est le lecteur, c’est l’auditeur, en tant que l’œuvre d’art émet des signes qui le forcera peut-être à créer, comme l’appel du génie à d’autres génies. Les communications de l’amitié bavarde ne sont rien, face aux interprétations silencieuses d’un amant. La philosophie, avec toute sa méthode et sa bonne volonté, n’est rien face aux pressions secrètes de l’œuvre d’art. Toujours la création, comme la genèse de l’acte de penser, part des signes. L’œuvre d’art naît des signes autant qu’elle les fait naître ; le créateur est comme le jaloux, divin interprète qui surveille les signes auxquels la vérité se trahit. »
Gilles Deleuze, Proust et les signes, PUF/Quadrige, 1964 (1988 2e édition), pp.118-119

Extraits :
- Archive Deleuze : Abécédaire / Signes
- Archive Deleuze sur Proust

Lectures :
- Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, Gallimard, coll. La Pléiade, (ed. de Jean-Yves Tadié, 1988), tome 1, Du côté de chez Swann, pp. 138-140. Lu par André Dussolier, ed. Thélème
- Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, Gallimard, coll. La Pléiade, (ed. de Jean-Yves Tadié, 1988), tome 1, Du côté de chez Swann, pp.177-180. Lu par André Dussolier, ed. Thélème
- Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, Gallimard, coll. La Pléiade, (ed. de Jean-Yves Tadié, 1988), tome 3, La Prisonnière, pp.692-693. Lu par André Dussolier, ed. Thélème

Références musicales :
- César Franck, Sonate en La maj
- Guillaume Lekeu, Sonate en Sol maj
- Anton Dvorak, Sextuor à cordes
- Régine, Rattrapons le temps perdu

Intervenant :
- Jacques Darriulat : a enseigné la philosophie de l’art à l’université Paris-Sorbonne, il est l’auteur d’un site consacré à la philosophie : www.jdarriulat.net

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