"Le Parfum", de Patrick Süskind : un premier roman magistral une émission de Guillaume Gallienne

Ca peut pas faire de mal France inter émission du Samedi 13 janvier 2018
Ce livre est une invitation au voyage d’un ordre nouveau, un voyage sensuel au pays des odeurs. Suivons donc ce personnage terrible et fascinant qui nous enseigne à voir avec le nez…

"A l’époque dont nous parlons, il régnait dans les villes une puanteur à peine imaginable pour les modernes que nous sommes (...) Le paysan puait comme le prêtre, le compagnon tout comme l’épouse de son maître artisan, la noblesse puait du haut jusqu’en bas, et le roi lui-même puait, il puait comme un fauve, et la reine comme une vieille chèvre, été comme hiver. Car en ce XVIIIe siècle, l’activité délétère des bactéries ne rencontrait encore aucune limite, aussi n’y avait-il aucune activité humaine qui ne fût accompagnée de puanteur".

Le décor est planté, c’est dans ce Paris nauséabond du XVIIIe siècle que naît Jean Baptiste Grenouille, le plus grand "nez" du monde.

Paru en Allemagne en 1985, avant d’être traduit en quarante-cinq langues, Le parfum est le premier roman de Patrick Süskind, scénariste passionné d’histoire, né en Bavière en 1949.
Dans ce roman devenu culte, qui nous ouvre des horizons insoupçonnés, l’auteur raconte la vie de Grenouille, un homme doué d’une exceptionnelle faculté olfactive, devenu parfumeur de génie. Misanthrope et mégalomane, à la fois, notre héros n’aura de cesse de recréer l’essence de la séduction, quitte à voler des vies au passage.

Dans ce roman à la fois très documenté et baroque, Patrick Süskind nous propose une réflexion sur notre animalité et l’ascendance de la sensualité sur l'âme. Poussant « l’empire d’un sens » à son comble, il fait de son héros un demi-dieu terrifiant qui magnétise les Hommes en les tenant par le bout du nez.

Nous parcourrons la traduction de Bernard Lortholary aux éditions Fayard.
Une émission préparée par Fanny Leroy.