La Critique de la raison pure (3/4) : Comment défendre la croyance ?

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Les Nouveaux Chemins de la connaissance.
Par Adèle Van Reeth.
Émission du 12.10.2016.

Retrouvez le philosophe Pierre-François Moreau pour répondre à cette question finalement tout à fait kantienne : comment défendre la croyance ?

La Critique de la raison pure est souvent lue comme une tentative de limiter les prétentions de la métaphysique. Mais qu'en est-il des adversaires nommés explicitement par la préface de la seconde édition - ces "matérialistes", "fatalistes", "athées", bref, cette "incroyance des libres penseurs" ? C'est sur ces derniers qu'il convient de se pencher pour saisir l'intention stratégique de la Critique de la raison pure : protéger la croyance, si utile à la morale, en l'arrachant au discours pseudo-rationnel de la métaphysique aussi bien qu'en la soustrayant aux attaques de ses adversaires déclarés, les incroyants.

Le texte du jour :

« La réforme [de la raison] ne porte [...] que sur les arrogantes prétentions des écoles qui, ici (comme, à bon droit, d'ailleurs, sur beaucoup d'autres points), voudraient passer pour être seules à connaître et à garder des vérités dont elles communiquent au public l'usage, mais dont elles gardent la clef pour elle. Nous avons pourtant tenu compte des prétentions plus justes du philosophe spéculatif. Il demeure toujours le dépositaire exclusif d'une science utile au public, qui ne s'en doute pas, je veux parler de la Critique de la raison ; jamais elle ne peut, en effet, devenir populaire, mais il n'est pas nécessaire qu'elle le soit ; car si les arguments finement tissés à l'appui de vérités utiles entrent peu dans la tête du peuple, son esprit n'est pas moins rebelle aux objections également subtiles que l'on pourrait y faire. Au contraire, parce que l'Ecole, ainsi que tout homme qui s'élève à la spéculation, tombe inévitablement dans ces deux défauts, la Critique est obligée de prévenir une fois pour toutes, par l'examen approfondi des droits de la raison spéculative, le scandale que doivent causer tôt ou tard, même pour le peuple, les disputes où s'engagent inévitablement les métaphysiciens (et, en tant que tels, beaucoup de théologiens) sans critique et qui finissent par fausser leurs doctrines. La critique peut seule couper dans leurs racines le matérialisme, le fatalisme, l'athéisme, l'incroyance des libres penseurs, le fanatisme, la superstition, fléaux qui peuvent devenir nuisibles à tout le monde, enfin l'idéalisme et le scepticisme, qui sont dangereux plutôt pour les écoles et ne peuvent que difficilement passer dans le public. »

Emmanuel KANT, Critique de la raison pure, 1781, Préface de la seconde édition (1787), traduction A. Tremesaygues et B. Pacaud, (PUF, 1965), pp.25-26

Lectures :

- Emmanuel KANT, Critique de la raison pure, 1781, Préface de la seconde édition (1787), traduction A. Tremesaygues et B. Pacaud, (PUF, 1965), pp.25-26
- Emmanuel KANT, Critique de la raison pure, 1781, Préface de la seconde édition (1787), traduction A. Tremesaygues et B. Pacaud, (PUF, 1965), p.25
- Emmanuel KANT, Critique de la raison pure, 1781, (1787 pour la 2nde édition), « Canon de la raison pure », traduction A. Tremesaygues et B. Pacaud, (PUF, 1965), pp 555-556

Extrait :

- Bouvard et Pécuchet de Jean-Daniel Verhaeghe ( 1989)

Références musicales :

- Aufgang. Soumission
- Nils Frahm, More
- Odetta , God’s gonna cut you down
- Curtis Mayfield, I plan to stay a believer


Intervenant :

Pierre-François Moreau : professeur émérite de philosophie à l’ENS de Lyon.

Bibliographie :

- Pierre-François Moreau, Spinoza : l’expérience et l’éternité, PUF, 2009.
- Pierre-François Moreau, Spinoza et le spinozisme, PUF.

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